Soutenus par l'architecte Mario Botta
Près de Lucerne, riverains et associations ne veulent pas d'un nouveau téléphérique

Les Remontées mécaniques du Rigi, près de Lucerne, ont prévu de moderniser le téléphérique menant à la station thermale de Rigi Kaltbad. La résistance est forte: riverains et associations environnementales montent au front. L'architecte Mario Botta les soutient.
Publié: 03.02.2022 à 06:02 heures
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Une vue imprenable sur le lac des Quatre-Cantons: voici ce que je propose le téléphérique des Remontées mécaniques du Rigi.
Photo: Zvg
Beat Michel

C’est une nouvelle affaire de construction qui dérange les défenseurs de l’environnement en Suisse. À Lucerne, l’installation vieillissante des Remontées mécaniques du Rigi doit être modernisée, sa concession expirant en 2027. Mais son remplacement a créé une véritable bataille rangée dans les environs.

Le nouveau projet serait en effet trop grand, trop bruyant et trop laid. Le téléphérique actuel fait partie du paysage depuis longtemps. Il glisse calmement sur l’horizon montagno-lacustre, au-dessus des villages qui font face à la ville de Lucerne et mène au village de Rigi Kaltbad, une station thermale bien connue de la région.

Le nouveau projet prévoit une série de 21 cabines. La capacité devrait passer du transport de 650 à 800 personnes par heure. Une augmentation à 1200 personnes, qui serait facilement réalisable par la suite, est envisagée. Le projet devrait coûter entre 20 et 25 millions de francs.

Associations environnementales sur le pied de guerre

Seuls onze riverains s’opposent au projet, mais ils ont des alliés de poids: la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, le WWF, Patrimoine suisse, Pro Natura et Helvetia Nostra s’opposent également au projet.

Le principal point de critique des organisations: le passage des futurs câbles du téléphérique, situé plus bas que pour l’ancien système, nécessitera un corridor pouvant atteindre 60 mètres de large à travers une forêt protégée.

Directeur de la section Suisse centrale de Patrimoine suisse, Marco Füchslin explique ses doutes: «Le tracé passe droit à travers la forêt protégée au-dessus de Weggis. Si cela se fait, il faudrait créer des dispositifs de protection qui seraient massivement visibles en raison du défrichement.»

Un riverain décidé

René Stettler est un des onze riverains qui se battent contre le nouveau projet, et avec force. Il s’est opposé à chaque détail des plans des Remontées mécaniques du Rigi. Il est directement concerné car le nouveau téléphérique ne passerait plus qu’à quelques mètres au-dessus de son chalet.

Ce n’est pas tout. «Les émissions sonores risquent de massivement augmenter», assure-t-il à Blick. L’extension le dérange également sur le plan visuel. «La nouvelle station en amont, plus haute de 3,5 mètres que l’actuelle, défigurerait la vue sur les montagnes depuis la place du village», indique-t-il. Actuellement, le bâtiment est à peine visible depuis l’endroit, qui offre une vue imprenable sur le lac des Quatre-Cantons et les montagnes environnantes.

Mario Botta s’exprime

Mais le soutien le plus important dépasse celui des associations environnementales, en termes de renommée. Il s’agit du célèbre architecte tessinois Mario Botta, qui a d’ailleurs conçu les bains minéraux ouverts en 2012 à Rigi Kaltbad (le Mineralbad) ainsi que la place du village située au-dessus. Il connaît donc parfaitement les lieux.

«Je pense que les opposants ont raison, qu’il est juste de s’impliquer dans la discussion et de faire valoir leurs arguments», explique-t-il à Blick, tout en rappelant que son mandat a pris fin il y a dix ans. «J’ai fait de son mieux pour créer un projet architectural de qualité pour la place du village, compte tenu des conditions en vigueur à l’époque», indique-t-il.

«J’irai jusqu’au Tribunal fédéral s’il le faut»

Malgré les forts vents contraires, la société des Remontées mécaniques du Rigi est confiante quant à l’aboutissement du projet. Frederic Füssenich, CEO de Rigi Bahnen AG, nous a déclaré: «La Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage a estimé que notre projet avait été approuvé. Cela confirme nos plans. Nous vivons dans une démocratie et les résistances font partie de tout grand projet.»

Mais pour certains, la hache de guerre est déterrée. Pour l’opposant René Stettler, rien n’est terminé. «J’irai jusqu’au Tribunal fédéral s’il le faut», assure-t-il.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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