Voilà un acte d'accusation qui pourrait se lire comme le scénario d'un roman policier. Scène après scène, le parquet de Zurich-Sihl a décrit ce lundi matin dès 8h30 au tribunal de Zurich ce qui se serait passé en début de soirée le 22 juin 2021 dans un appartement de Zurich: un client réserve une dominatrice pour cinq heures. Il veut du sexe sadomaso, commande à la prostituée une corde, un bâillon et un collier avec une laisse qu'il met à son arrivée. Il enfile des gants en latex avant de mettre un masque noir FFP2.
Le jeu de rôle convenu coûte 4200 francs. Le client doit poser l'argent sur la table avant la prestation, dit la prostituée. C'est à ce moment-là que le client devient apparemment brutal. Il saisit la dominatrice par l'arrière, lui agrippe le cou et l'emmène vers le sauna. De l'autre main, il lui applique une substance inconnue sur la bouche et tente de l'endormir. La dominatrice souffre de contusions, d'écorchures et de brûlures au menton et à la bouche. A plusieurs reprises, la femme se détache, se précipite à la fenêtre et à la porte d'entrée, crie à l'aide. Le client l'attrape par les cheveux et la ramène dans l'appartement. Lorsque la femme mord l'annulaire de l'homme et détruit ses lunettes, il renonce et prend la fuite.
«Accusations grossièrement exagérées»
Le client en question n'est autre qu'un député UDC Bernhard Diethelm. Les graves accusations reposent exclusivement sur le témoignage de la prostituée. Bernhard Diethelm nie les faits. Le ministère public en est néanmoins convaincu: Bernhard Diethelm a voulu forcer la femme à avoir des relations sexuelles par la force et l'a blessée en essayant. En tentant d'étrangler la femme, il a sciemment et volontairement mis sa vie en danger. De plus, de la pornographie violente a été saisie chez le politicien schwytzois, dont 43 illustrations à caractère zoophile.
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Ce chef de cuisine d'un take-away et greffier d'église a présenté sa plaidoirie cinq jours avant le début du procès. Lors d'une conférence de presse de dix minutes mercredi dernier à l'hôtel de ville de Schwytz, Bernhard Diethelm a déclaré que toutes les accusations portées contre lui sont biaisées et grossièrement exagérées.
Le ministère public demande quatre ans de prison
Puisque personne n'était présent pour témoigner, ce sera parole contre parole. Au final, la présomption d'innocence s'applique. «Ma vie sexuelle m'appartient et n'appartient pas au public», précise Bernhard Diethelm. L'élu schwytzois qualifie la couverture médiatique de l'accusation d'«orage médiatique» qui l'a présenté comme un homme détestable. Cela a considérablement nui à son intégrité personnelle et sociale et a fortement affecté ses proches. Selon lui, ses pratiques sexuelles relèvent de la sphère privée et n'ont rien à voir avec ses activités politiques. Il n'envisage donc pas de démissionner de ses fonctions.
Le ministère public reste imperturbable dans sa position. Il demande une peine de quatre ans de prison à l'encontre du politicien UDC, qui doit être exécutée, ainsi qu'une amende de 1000 francs. Il appartient maintenant au tribunal de clarifier ce qui s'est réellement passé ce 22 juin, il y a deux ans, à Zurich.