Si les clients de Serge vont devoir se contenter de nourriture froide en ce lundi soir, c'est à cause de Joe Biden. Le livreur perd patience, bloqué qu'il est devant des barrières en bambou à l'angle entre la route de Ferney et le chemin du petit-Saconnex. Sa destination? Derrière le barrage.
«C'est au client de sortir», coupe un policier genevois. Le président américain a beau n'être attendu que mardi à Genève, les gardes postés devant l'hôtel Intercontinental, là où la délégation américaine va séjourner, sont déjà sur les dents. Serge tente fébrilement de contacter celui dont l'estomac grogne pour lui prévenir que cela s'annonce compliqué.
«Mais vient-il vraiment avec Air Force One?»
La barrière de bambou a au moins le mérite d'offrir un peu d'ombre aux trois officiers de police qui surchauffent dans leur uniforme par presque 30°. La protection civile, un peu plus loin, est affairée à couvrir de hautes grilles avec des rouleaux de films de protection noirs. Pourquoi? «Pour que vous ayez quelque chose à filmer, vous les journalistes!», s'exclame l'un des mobilisés.
Un chauffeur s'extirpe d'une grande fourgonnette noire et s'avance sur le trottoir. Même pas besoin de l'aborder qu'il annonce fièrement «Je conduis pour le gouvernement américain!», s'exclame-t-il derrière une cravate un peu trop courte. Est-ce que c'est lui qui ira chercher Joe Biden sur le tarmac mardi? «No comment», s'exclame-t-il. Avant de sembler sincère au moment de s'excuser: «Je n'ai pas le droit de vous le dire.» Ce chauffeur ne fait pas exception en ce lundi où le tout-Genève semble avoir été muselé.
A quelle heure arrivera le président américain? Quand a lieu la réunion avec les conseillers fédéraux? Et l'atterrissage de l'Air Force One? «En fait, on est sûrs qu'il vient avec Air Force One?», plaisante un membre du personnel dans le centre des médias.
Blick à la conférence de presse
Nous le savons: Joe Biden doit atterrir vers 16h à Genève, mardi. Une poignée de représentant des médias ont été convoqués pour 14h30. Une autorisation à «sentir l'atmosphère» juste avant que le président américain rencontre les conseillers fédéraux Guy Parmelin et Ignazio Cassis. Blick sera de la partie, évidemment.
La délégation suisse, logiquement menée par le président de la Confédération, comprend, outre le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis, les secrétaires d'État Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch (SECO) et Livia Leu (DFAE). En plus de Joe Biden, la délégation américaine comprend le secrétaire d'État Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.
Les entretiens porteront sur le renforcement durable des relations économiques (libre-échange, fiscalité) et sur une étroite collaboration dans le domaine de la formation et de la recherche. Un autre sujet sera les bons offices de la Suisse pour les Américains, notamment pour l'Iran.
Une belle pub pour la Suisse
Le cadeau de la Suisse aux Etats-Unis? C'est une surprise. Mais ce sera quelque chose de typique, révèle Nicolas Bideau, responsable de Présence Suisse, qui conduisait fièrement les équipes de télévision sur les lieux du sommet lundi.
L'homme est particulièrement heureux d'avoir réussi à s'arroger l'exclusivité de la plage située en face de la Villa La Grange, où Biden et Poutine ont prévu de se rencontrer mercredi, pour le millier de journalistes accrédités venus du monde entier dès mardi soir. Ceux qui s'ennuient en attendant Poutine et Biden pourront se baigner et faire de la jolie publicité à la Suisse.
Au final, l'une des rares choses à avoir filtré avant le grand sommet est l'aspect des décorations florales. Des roses rouges et des marguerites aux couleurs du pays d'accueil de cette rencontre de prestige? Pas du tout: ce seront des arrangements blanc et vert clair. La Suisse tient à reste neutre.
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