Viola Amherd a donné mercredi des détails sur la conférence de paix prévue au Bürgenstock à la mi-juin. Pour la cheffe du DDPS, qui a été victime de nombreux couacs, c'est une bouffée d'oxygène.
D'une part, la politique mondiale détourne l'attention des chantiers du Département de la défense. D'autre part, la pression internationale sur la Suisse diminue. Les partenaires occidentaux ont montré peu de compréhension pour les atermoiements et les hésitations de Berne au sujet de l'Ukraine.
Aujourd'hui encore, 96 chars Ruag rouillent en Italie – la loi sur le matériel de guerre interdit leur exportation vers l'Ukraine. Les cinq milliards de francs d'aide sont peu de chose pour un pays riche comme la Suisse: par rapport au produit national brut, Berne est le pays européen qui verse le moins à l'Ukraine.
Une promotion massive du sommet
Mais Viola Amherd peut désormais marquer des points en organisant une conférence de paix en Suisse. Même le Brésil, la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud vouent un grand intérêt à ce sommet. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est envolé hier pour la Chine et s'engagera personnellement pour que Pékin vienne en Suisse avec des personnalités de haut rang. La Chine salue la conférence de paix, mais ne s'est pas encore engagée.
Au DFAE, l'heure est maintenant à l'envoi des cartons d'invitation. «Nous allons d'Etat en Etat», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis. L'objectif est d'inciter le plus de pays possible à participer. Dans le monde entier, les ambassadeurs suisses font la promotion des 48 heures au Bürgenstock. Et Berne a demandé à des pays amis comme l'Allemagne de faire de même.
Une belle publicité et beaucoup de responsabilité
Pour le canton de Nidwald, la Conférence sur la paix amène une belle publicité, mais aussi beaucoup de travail. Depuis près de dix ans, Karin Kayser-Frutschi est conseillère d'Etat dans le canton de Nidwald. Mais elle n'a encore jamais vécu un tel événement: le monde entier aura les yeux rivés sur le Bürgenstock.
En tant que directrice du département de la justice et de la sécurité, Karin Kayser-Frutschi est responsable de la protection de la conférence. On ne sait pas encore qui viendra. Mais il est probable que des chefs d'Etat et de gouvernement se rendent sur place, selon l'évolution du niveau de menace. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky en ferait partie, tout comme le président américain Joe Biden.
«Nous faisons tout pour la sécurité et travaillons pour cela en étroite collaboration avec Fedpol, le service de renseignement de la Confédération et avec d'autres cantons», explique Karin Kayser-Frutschi. Pour tous les policiers du canton de Nidwald, les vacances sont suspendues pour la mi-juin. «Je suis très reconnaissante de mes collègues pour leur flexibilité», déclare la conseillère d'Etat. Certains dans le corps de police avaient déjà réservé leurs vacances, dans ce cas le canton veut faire des concessions en cas de frais d'annulation.
Des défis logistiques et sécuritaires
La conférence du Bürgenstock est régulièrement comparée au Forum économique mondial de Davos (WEF). Toutefois, selon Karin Kayser-Frutschi, il existe une différence logistique décisive: «Au WEF, les chefs d'État et de gouvernement arrivent et repartent à des dates différentes. Au Bürgenstock, ils arrivent et repartent tous en même temps. Cela rend les choses plus difficiles.»
Une chose est sûre: tous ceux qui auront accès au Bürgenstock devront se soumettre à un contrôle de sécurité. Cela vaut également pour le personnel de l'hôtel – de la femme de chambre au directeur de l'établissement. Qu'est-ce que cela signifie pour la femme de ménage de la chambre de Zelensky? «Nous traçons différents cercles de risques. Toute personne en contact avec une catégorie de sécurité supérieure est soumise à des contrôles plus stricts», explique la directrice de la justice et de la sécurité.
Les routes et les chemins de randonnées contrôlés
Même si de nombreux VIP se rendront directement au Bürgenstock en hélicoptère, le sommet pour la paix ne fonctionnera pas sans barrages routiers, annonce Karin Kayser-Frutschi. D'autant plus que tous les VIP ne dormiront pas au Bürgenstock: «Chaque chef d'État décide lui-même de l'endroit où il souhaite passer la nuit. Certains dormiront aussi dans les environs.» Des fermetures de routes seront indiquées sur le site Internet du canton.
Même si le Bürgenstock se prête très bien à l'organisation d'une telle conférence en raison de sa situation, le lieu de la manifestation doit tout de même être sécurisé à grands frais: «Aujourd'hui, avec les drones, vous pouvez aller partout. Nous devons nous armer contre les drones tout comme nous devons contrôler les nombreux chemins de randonnée», explique Karin Kayser-Frutschi. A cela s'ajoutent les dangers liés aux services secrets étrangers. «Nous adaptons les mesures en fonction des risques. Depuis le début de la planification, le ressort et aussi toutes les infrastructures de Nidwald sont sous surveillance particulière.»
La directrice de la justice et de la sécurité estime que la valeur marketing de la conférence sur la paix pour le canton n'a pas de prix: «C'est un immense honneur pour Nidwald. Si notre petit canton peut apporter une contribution à la paix mondiale, nous le ferons volontiers.» Les coûts, compris entre cinq et dix millions de francs, seraient en grande partie pris en charge par la Confédération. «Nous avons déposé une demande en ce sens. Nous devons encore négocier le pourcentage de contribution.»