Lundi, le canton du Valais a annoncé avoir installé dans la région de Gamsen/Brigerbad 35 piézomètres pour renforcer la surveillance des eaux souterraines, s'appuyant sur les premiers résultats obtenus par les services de l'environnement du canton. Ceux-ci confirmaient les investigations de l'entreprise Lonza, à savoir des concentrations de benzidine supérieures aux valeurs limites.
Mise à disposition des ressources
Cette communication donne «l'impression erronée que ces points de mesures ont été spécialement forés» pour analyser la pollution à la benzidine, alors qu'ils ont été créés, la plupart du temps, dans le cadre de la 3e correction du Rhône et sont donc placés, en règle générale près du fleuve, affirment jeudi dans un communiqué Médecins en faveur de l’Environnement (MfE), le Groupe du Haut-Valais pour l’environnement et le trafic, Pro Natura Haut-Valais et WWF Haut-Valais.
Ce réseau ne permet pas de savoir de manière claire si et où de la benzidine ou d'autres substances sont présentes dans les zones de la nappe phréatique. Il ne permet pas non plus de réaliser de traçage systématique de la pollution dans les eaux souterraines, ajoutent les organisations, s'appuyant sur le bilan d'une expertise des analyses de la benzidine que leur avait livrée le canton du Valais en janvier 2022.
Elles appellent donc le canton à notamment améliorer sa surveillance et à mettre à disposition les ressources nécessaires pour multiplier les analyses des prélèvements. Et que «le tout soit financé par Lonza».
Plusieurs décennies
Pour mémoire, Lonza a déposé des déchets issus de la production chimique dans la décharge de Gamsenried entre 1918 et 1978. Inscrite au cadastre cantonal des sites pollués, l’ancienne décharge a été classée en 2011 comme site contaminé à assainir.
Des tests réalisés en 2018 ont mis en évidence la présence de benzidine dans la nappe phréatique entre l'ancienne décharge et le site chimique de Lonza. Des analyses menées en 2008 avaient déjà mis en évidence des traces de benzidine, mais à l'époque, ces résultats n'avaient pas été transmis au canton.
La décharge s'est construite par couches, année après année, et touche directement la nappe phréatique par endroits. Les déchets entreposés pendant des décennies représentent environ l'équivalent de vingt-neuf terrains de foot. L'assainissement du site est prévu par étapes sur plusieurs décennies.
Lonza a déjà provisionné 285 millions de francs destinés à la première phase du projet d'assainissement. En septembre 2020, lors de l'annonce de ce plan de dépollution, le canton avait indiqué que l'entreprise payait les analyses et les études nécessaires à l'assainissement et préfinançait la totalité des travaux.
(ATS)