Selon un récent baromètre
Des vagues de licenciements menacent à nouveau le marché du travail suisse

Le marché du travail a connu de grosses restructurations et des vagues de licenciement en 2023 et 2024 pourraient être cruelles pour les plus âgés. Le jeunisme reviendra en force et l'intelligence artificielle fera ses premières victimes.
Publié: 23.01.2024 à 10:30 heures
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Dernière mise à jour: 23.01.2024 à 12:09 heures
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A la fin de la pandémie, les employeurs suisses se plaignaient de problèmes de recrutement. C'est fini!
Photo: Gaetan Bally
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Sarah Frattaroli

Pénurie de personnel par-ci, pénurie de personnel par là... Depuis la fin de la pandémie, les employeurs suisses se plaignaient de problèmes de recrutement. C'est fini! «Le marché du travail se normalise», déclare Pascal Scheiwiller, patron de l'agence de placement Rundstedt, qui aide les salariés à trouver un emploi après leur licenciement.

«La pénurie conjoncturelle de main-d'œuvre qualifiée qui touche tous les secteurs s'est calmée», explique Pascal Scheiwiller. Après la léthargie post-pandémie en 2020, l'économie a décollé en 2021 et 2022 en raison d'effets de rattrapage. Mais entre-temps, la croissance économique a ralenti: «En 2023, il y a eu beaucoup plus de restructurations au sein des entreprises», conclut Pascal Scheiwiller sur la base d'un récent baromètre du marché du travail, qui s'appuie sur plus de 2000 licenciements dans plus de 200 entreprises.

L'industrie pharmaceutique et la finance vont être fortement touchées

Le secteur pharmaceutique est le plus touché. L'année dernière, un licenciement sur trois concernait ce secteur, notamment en raison des suppressions de postes à grande échelle chez Novartis. Ces suppressions ont certes été annoncées dès 2022, mais leur effet ne se fait ressentir que maintenant. Il en va de même pour la fusion du Credit Suisse et de l'UBS – les nombreux licenciements qui en découlent ne seront prononcés qu'en 2024.

Entre l'annonce d'une suppression de poste, la procédure de consultation et le délai de préavis, il peut en effet se passer plusieurs mois.

Le jeunisme, une nouvelle mode?

Le refroidissement du marché du travail se poursuivra en 2024. Et ce seront surtout les plus âgés qui en pâtissent. L'année dernière, 80% des licenciements ont touché des collaborateurs de plus de 40 ans. Et plus ils sont âgés, plus la recherche d'emploi dure longtemps. Les moins de 30 ans sont en moyenne à la recherche d'un nouvel emploi pendant 3,1 mois. Pour les plus de 50 ans, ce délai est de 6,6 mois.

«Le marché du travail revient à ses vieux schémas», reconnaît Pascal Scheiwiller. Avant, les employeurs étaient disposés à embaucher des travailleurs plus âgés en raison du manque de personnel. Ça aussi, c'est fini. Désormais, le jeunisme revient en force: «Derrière ça, il n'y a pas de véritable prise de conscience de la valeur de ces collaborateurs, c'était juste de la nécessité.»

Tout comme la discrimination des seniors, le choix de la filière professionnelle fait son retour – ceux qui veulent se réorienter et changer de branche auront désormais plus de mal.

L'intelligence artificielle fait également ses premières victimes

Les employés les plus touchés par les suppressions sont ceux qui occupent des fonctions de management et de support. «C'est là que la transformation numérique et l'intelligence artificielle sont les plus efficaces», explique Pascal Scheiwiller. Les suppressions concernent les postes de commerciaux, le back-office et l'administration.

Nous n'avons toutefois pas à craindre un chômage à grande échelle: selon le Secrétariat d'État à l'économie (Seco), le chômage se situe pour l'instant à 2%... Un record. Et rien ne devrait changer fondamentalement. Car la pénurie de main-d'œuvre qualifiée demeure, plombée par le vieillissement de la population. Cependant, seuls certains profils professionnels spécifiques et particulièrement recherchés, comme les ingénieurs ou les infirmières, restent activement recherchés.

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