Selon des documents obtenus par Blick
Guy Parmelin voulait un passeport vaccinal strict

Alors que son parti se montre très critique à l'égard d'un «certificat Covid», Guy Parmelin était en février le plus fervent soutien de cette mesure, selon une enquête de Blick.
Publié: 01.06.2021 à 17:54 heures
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Dernière mise à jour: 01.06.2021 à 23:43 heures
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La vaccination comme un acte civique: c'est la perspective du président de la Confédération Guy Parmelin.
Photo: Keystone
Ruedi Studer et Pascal Scheiber

Le «passeport Covid» doit arriver la semaine prochaine. Dès la fin du mois de juin, quiconque veut prendre l'avion ou se rendre dans un stade doit être vacciné, avoir guéri du coronavirus ou avoir été testé négatif.

Certains événements ne seront accessibles qu'avec ce certificat, conséquence du système des «feux de circulation» du ministre de la Santé Alain Berset. Les tenanciers de bars ou les exploitants de cinéma pourront refuser les personnes non vaccinées.

C'est un camouflet pour les «corona-sceptiques», qui considèrent cette mesure comme une obligation indirecte de se faire vacciner. L'UDC est du même avis. «Nous refusons une application trop large du certificat Covid, car c'est une discrimination et une vaccination obligatoire indirecte», s'emporte le président du groupe Thomas Aeschi auprès de Blick.

Une preuve de vaccination serait acceptable selon lui pour l'aviation ou pour les grands événements, «mais certainement pas pour aller au restaurant».

Parmelin très favorable au certificat Covid

Constat piquant: le plus fervent défenseur du certificat Covid se trouve dans les rangs de l'UDC. Le plus haut placé aussi, puisqu'il s'agit tout simplement du président de la Confédération Guy Parmelin en personne.

Des documents obtenus par Blick sur la base de la Loi sur la transparence le montrent: en coulisses, le Vaudois évoquait déjà en février une «carte lisible électroniquement», sur le modèle de l'abonnement général CFF.

Pratique et facile à contrôler, cette carte devait fonctionner comme un passeport vaccinal et légitimer les personnes ayant accepté la piqûre, écrivait le secrétariat général de Guy Parmelin dans le cadre d'une consultation lancée par Alain Berset. Le département de l'Intérieur du Fribourgeois devait produire ce système «dans les plus brefs délais».

La perspective de créer une inégalité de traitement entre vaccinés et non vaccinés ne faisait pas peur à Guy Parmelin. Bien au contraire: le Vaudois voyait en ce phénomène un moyen de pression. Se faire vacciner est un «acte citoyen», écrit Nathalie Goumaz, secrétaire générale du président de la Confédération, dans les documents.

Des «conséquences» pour les réfractaires

Il faut certes respecter l'avis de ceux qui ne veulent pas se faire vacciner, concédait l'entourage de Guy Parmelin. Mais en raison de la réduction drastique des droits fondamentaux liés au Covid, il convient d'accorder davantage d'importance au retour des vaccinés à une vie normale qu'à la restriction de libertés de ceux qui ne veulent pas de piqûre.

La décision de ne pas se faire vacciner est une décision personnelle et relève donc de la responsabilité individuelle. Les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner devront donc également vivre avec les conséquences. «Nous trouvons cela parfaitement acceptable», juge Nathalie Goumaz.

Les organisateurs d'événements et les restaurateurs devraient pouvoir choisir qui est autorisé à utiliser leurs services ou non. Soit en limitant l'accès aux personnes qui ont été totalement vaccinées, soit avec un concept de protection adéquat.

Dans l'intervalle, il a été décidé que le certificat ne devait plus être délivré uniquement aux vaccinés, mais aussi aux guéris du Covid ou aux personnes testées négativement. Certains parlent d'un passeport «GGG» (pour Geimpfte, Genesene et Getestete, en allemand).

Le masque obligatoire en question

L'équipe de Guy Parmelin a même voulu aller plus loin, en mettant fin au port obligatoire du masque pour les personnes vaccinées. Voilà des mois que tous les utilisateurs des transports publics sont contraints de porter un masque, ce qui est «ni agréable ni pratique».

«Est-il vraiment justifiable d'être vacciné et de devoir quand même porter un masque par solidarité avec ses voisins de siège qui ont choisi de ne pas être vaccinés?», demandent-ils.

Le département de l'Economie n'a pas plus de compréhension pour les anti-vaccin sur leur lieu de travail, notamment dans le secteur de santé ou dans les transports internationaux. «Le refus de se faire vacciner ne devrait-il pas être considéré comme une faute professionnelle?», peut-on lire dans les documents obtenus par Blick.

Une infection au coronavirus dans le secteur des la santé est reconnue comme une maladie professionnelle, avec une prise en charge des frais par l'assurance-accident. Ce qui aura un impact négatif sur les futures primes, estime Goumaz.

Le secrétariat général de Guy Parmelin met sur le tapis une autre question chaude: la vaccination obligatoire pour les frontaliers et les touristes qui veulent entrer sur le territoire national. Il dresse une comparaison avec la vaccination obligatoire contre la fièvre jaune dans certains pays.

«Nous voulons revenir à la normalité!»

Interrogé sur la fermeté de sa position, le président de la Confédération a déclaré mardi à Blick: «Nous voulons tous revenir à la normalité!» Guy Parmelin ne voit donc aucun problème - il s'agirait plutôt d'une discrimination envers les personnes vaccinées, si celles-ci doivent encore subir des restrictions à l'avenir.

«Il n'y a pas de vaccination obligatoire. Chacun peut décider s'il veut être vacciné ou non - mais il doit aussi en assumer les conséquences», juge le Vaudois. «La liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres. C'est un compromis.»

Le chef de file du groupe UDC, Thomas Aeschi, relativise. Pour lui, la ligne dure de son représentant à l'exécutif est probablement liée à la situation incertaine de l'époque, avec des taux d'infection bien plus inquiétants qu'ils ne le sont actuellement.

Thomas Aeschi veut un contrôle des frontières

Le Zougois est néanmoins heureux de rejoindre Guy Parmelin sur la question des frontières. Thomas Aeschi a lui-même déposé une motion à ce sujet pour exiger un contrôle systématique des frontières.

«Les personnes entrant en Suisse par la route, le rail, à pied, en bateau ou en avion doivent fournir la preuve qu'elles ont été guéries du Covid-19, qu'elles ont été testées négativement ou qu'elles ont été vaccinées», juge le conseiller national, qui envisage une «preuve simplifiée» pour les ressortissants suisses et certains de l'Union européenne ou AELE.

«Actuellement, seuls les voyageurs aériens doivent fournir une telle preuve. En vue des vacances d'été, elle devrait devenir obligatoire aussi pour les visiteurs entrant dans notre pays par voie terrestre et maritime.»

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