Outre-Sarine, Martin Janssen est connu comme expert, mais pas du tout en médecine. Auparavant, il enseignait l'économie politique et l'économie des marchés financiers à l'Université de Zurich. Depuis quelques mois, cet homme de 73 ans s'illustre surtout pour son scepticisme affiché contre la pandémie de Covid-19 et pour son opposition farouche aux vaccins.
Sur Twitter, il diffuse diverses théories discutables. Ou plutôt, il le faisait. Son compte a été bloqué par le réseau social pour diffusion de fausses informations. Un exemple: dernièrement, Martin Janssen avait affirmé que la vaccination par ARNm était dangereuse. Pour appuyer ses dires, une théorie pour le moins loufoque: selon lui, des fragments de shrapnel en mouvement détruiraient les cellules sanguines notamment.
Du schrapnel à l'échelle sanguine?
Rappelons ici qu'un schrapnel est un obus à balles. Il porte le nom de son inventeur, l'officier britannique Henry Schrapnel. Par extension, le terme peut signifier la masse d'éclats métalliques projetés par l'explosion de ce type de munition à fragmentation. Difficile d'imaginer un obus des XIXe et XXe siècles à l'échelle de cellules du corps humain.
Et pourtant, l'économiste zurichois y croit dur comme fer. Il s'est même montré stupéfait sur Twitter qu'il n'y ait pas encore eu de véritable tollé face à la dangerosité supposée de la vaccination par ARNm. En revanche, Swissmedic s'est manifesté et a même réagi directement au tweet de Janssen. L'autorité fédérale de contrôle des produits thérapeutiques a renvoyé à sa propre vidéo explicative sur la vaccination par ARNm. Et a souligné que cette dernière était scientifiquement fondée. Le tout flanqué d'un smiley en forme de clin d'œil.
Il promeut l'ivermectine, un vermifuge pour chevaux
Peu de temps après, Twitter a réagi et a bloqué le compte de Martin Janssen, pour une durée indéterminée. L'expert financier, lui, ne s'est pas encore exprimé sur cette mesure prise par le réseau social. Une demande de Blick à ce propos est restée sans réponse.
Martin Janssen s'est engagé aux côtés de Rahel Blocher, la fille de Christoph Blocher, dans l'association nommée Gesund und Frei lors de la récente campagne de votation contre la loi Covid-19. Sur Twitter, il a alors reproché aux politiques de «tout faire pour que les gens ne puissent pas se soigner chez eux». A ses yeux, c'est la raison pour laquelle des produits comme l'ivermectine ne peuvent pas être achetés en Suisse. Celle-ci est un vermifuge destiné aux chevaux. Certains opposants à la vaccination anti-covid présentent pourtant ce médicament antiparasitaire comme une alternative à la piqûre.
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Swissmedic et divers médecins ont déjà mis en garde contre ce produit. En effet, l'ingestion incontrôlée par un être humain serait dangereuse pour la santé. Ni les Etats-Unis, ni l'Allemagne, ni l'Autriche, ni la Suisse n'autorisent l'ivermectine pour combattre le coronavirus. Malgré cela, ce vermifuge a l'aura d'un remède miracle aux yeux de personnes qui refusent la vaccination.
Une chose est certaine: dans le futur proche au moins, le Professeur Martin Janssen ne pourra plus en faire la promotion sur Twitter. Ni évoquer l'action prétendument dévastatrice de fragments de schrapnel microscopiques sur les cellules sanguines des vaccinés. Une bonne ou une mauvaise nouvelle?
(Adaptation par Yvan Mulone)