Nicole Trezzini se tient devant la tombe de sa fille. Elle sourit: «Je me sens bien ici avec Lucie. Son anniversaire est un jour de joie!» C'est le 24 décembre 1992 que Lucie a vu le jour. Son assassinat a bouleversé toute la Suisse.
La jeune fille au pair a été attirée dans un appartement de Rieden (AG) par D.H.*, le 4 mars 2009 avec la promesse d'un emploi de mannequin. Elle y est brutalement tuée quelques jours plus tard. Il y a un an, D.H. s'est suicidé en prison, trois jours avant l'anniversaire de Lucie. Pour sa mère, c'est un soulagement. Elle a néanmoins déclaré: «Je n'ai jamais souhaité sa mort.»
Blick lui a rendu visite au Mouret, dans le canton de Fribourg. Cette enseignante à la retraite vit aujourd'hui dans un nouvel appartement, elle est séparée du père de Lucie depuis 2005. Ses autres enfants sont maintenant adultes: «Je suis maintenant trois fois grand-mère», dit-elle fièrement. «Ils sont petits, mais parlent déjà de tante Lucie au ciel.» Elle semble de bonne humeur. Mais le jour des faits, le 8 mars 2009, est resté gravé dans son âme. «C'était l'horreur. Je me suis effondrée.»
«Aujourd'hui encore, il y a des jours tristes»
Après le crime, une lutte pour la justice a commencé. Les autorités ont fini par admettre qu'elles avaient commis des erreurs avec le tueur. «Entre autres, la dangerosité a été mal évaluée chez lui après un premier incident avec une femme.»
Sur le plan pénal, D.H. est condamné en 2012 pour meurtre à une peine de prison à perpétuité. La mère de Lucie reste pensive: «Ma plus grande crainte était qu'il soit un jour libéré et qu'il recommence. C'était un homme malade». Puis elle sort deux boîtes remplies de souvenirs. «Lucie bricolait beaucoup et peignait des tableaux.» Les œuvres d'art sont accrochées partout dans l'appartement. «Elle est omniprésente et chaque jour avec moi et dans mon cœur», dit la mère en saisissant une chaîne au cou qui appartenait à Lucie.
Elle raconte ensuite l'accouchement «sans problème» de 1992. Elle s'est rendue tranquillement à l'hôpital avec son bébé. «Loin de l'agitation des fêtes de fin d'année, je l'ai vraiment ressenti comme un cadeau!»
La veille de son décès, Lucie était «joyeuse»
Lucie était une enfant très joyeuse, raconte sa mère. Ils fêtaient toujours son anniversaire ensemble et le jour suivant Noël. «Elle recevait des cadeaux les deux jours. C'était toujours très agréable.»
Puis est arrivé le dernier jour avant la mort de Lucie. «Nous avions parlé au téléphone pendant sa pause», se souvient-elle. «Lucie était au bord du lac à Pfäffikon, dans le canton de Zurich, je pouvais entendre les canards. Elle semblait joyeuse.»
Le jour de sa mort, Lucie aurait tenté de joindre sa mère. «Elle était assise dans le train pour Zurich. Mais je n'ai pas pu répondre parce que j'étais en cours.» Le dernier appel de sa fille, Nicole Trezzini l'a manqué.
Fêté sur sa tombe
Aujourd'hui, Lucie aurait 32 ans. «Nous célébrons quand même la joie et la gratitude de l'avoir connue et aimée», dit sa mère. Les amis de Lucie se retrouvent à chaque fois sur sa tombe, apportant du champagne et des gâteaux. «Elle aimait faire des tartes aux pommes et de la tresse le dimanche. Elle aimait faire la fête et bien manger», explique sa mère.
Elle explique: «L'idée de se réunir sur sa tombe vient de ses amis. Cela les aide beaucoup de continuer à fêter son anniversaire.» La première fois, ils auraient eu peur de choquer. Mais: «J'ai tout de suite accepté leur initiative si touchante. Elle m'a aidé à vivre sereinement le 24 décembre.
«La vie est belle, j'y crois et je suis confiante»
Dans quelle mesure a-t-elle fait face à cette mort? «Je vis mon quotidien avec cette réalité, cela fait désormais partie de ma vie.» Et: «Je pense tous les jours à Lucie, mais pas à sa fin tragique. Les larmes et les rires se mêlent souvent. La vie est belle, j'y crois et je suis confiante.»
Elle aurait vécu une sorte de tournant: «La vie ne m'appartient pas, j'appartiens à la vie. Je me sentais comme un petit voilier sur l'océan, je ne peux pas décider de la direction du vent, je peux seulement tenir la voile pour avancer.»
Nicole Trezzini emmène ensuite Blick sur la tombe de Lucie. «Elle a vécu sa vie pleinement», dit-elle. Et même si sa vie terrestre a été de courte durée, «je crois que tous ceux qui l'ont connue ont le même sentiment: Lucie était rayonnante. Et sa joie de vivre nous accompagne encore aujourd'hui.»
*Nom connu