Le tueur présumé avait été relâché fin 2024
Fribourg a-t-il joué un rôle dans le féminicide d’Epagny? Une enquête sera lancée

L'Etat de Fribourg en cause dans le féminicide qui a incendié Epagny (FR)? Le meurtre présumé d'une femme par son mari soulève des questions dans les milieux associatifs. La politique répond par la création d'un groupe de travail chargé d'établir les responsabilités.
Publié: 06:13 heures
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Dernière mise à jour: 07:54 heures
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Blerim* est décédé sur les lieux où il a vraisemblablement tué son épouse. Originaire du Kosovo, il y était engagé politiquement.
Photo: Capture d'écran/Facebook
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Léo MichoudJournaliste Blick

Le féminicide d'Epagny (FR) est le 14e de l'année en Suisse, et l'Etat de Fribourg a des choses à se reprocher. Le jeudi 10 avril dernier, un homme de 41 ans, que nous avons nommé Blerim*, a tué sa femme de 39 ans dans le village gruérien. Pour rappel, il a tiré des coups de feu dans la maison de ses anciens patrons avant qu'un incendie, probablement de son fait, ne détruise l'habitation.

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Samedi devant la presse, le procureur général fribourgeois Fabien Gasser a assumé «un échec, malgré le travail accompli». En effet, le tireur, qui semble s'être donné la mort, avait été relâché en décembre 2024 d'une détention pour des violences domestiques avérées (voir ci-dessous). «Il y aura des questionnements sur les processus», a assuré l'homme de loi en chef du Ministère public.

Une chronologie troublante

Le 17 septembre 2024, l'épouse tuée avait porté plainte pour des agressions physiques et sexuelles de la part de son mari, survenues le jour même et sur plusieurs années. A son domicile, la police retrouve une arme, rapporte «La Gruyère» ce mardi. Blerim* nie les faits, mais est incarcéré.

Puis, le 25 octobre, le tribunal civil, dans sa procédure de séparation du couple demandée par l'épouse, interdit à Blerim d'approcher sa femme et ses enfants. Sa détention est prolongée en novembre.

Début décembre, lors d'une audition, sa femme évoque un problème de traduction et retire une partie de ses accusations – les violences sexuelles, mais pas les violences physiques.

Le 5 décembre, Blerim est libéré sous conditions sur décision du Tribunal des mesures de contrainte. Il lui est toujours interdit d'approcher son épouse à moins de 200 mètres ou de la joindre directement. Il doit aussi suivre une thérapie de gestion de la violence et un programme de probation. Ce qu'il fait entre janvier et mars, même s'il a «toujours de la peine à accepter d’être mise en cause pour certains actes», évoque Fabien Gasser cité par «La Gruyère».

Le 10 avril, Blerim entre chez ses anciens patrons, chez lesquels sa femme fait le ménage. Et la tue. Il aurait ainsi réussi à mettre la main illégalement sur une arme, en l'occurrence un fusil de chasse de calibre 12 avec canon scié. Le lendemain, Blick révèle que son «sérieux penchant pour les armes» était connu de ses collègues.

Le 17 septembre 2024, l'épouse tuée avait porté plainte pour des agressions physiques et sexuelles de la part de son mari, survenues le jour même et sur plusieurs années. A son domicile, la police retrouve une arme, rapporte «La Gruyère» ce mardi. Blerim* nie les faits, mais est incarcéré.

Puis, le 25 octobre, le tribunal civil, dans sa procédure de séparation du couple demandée par l'épouse, interdit à Blerim d'approcher sa femme et ses enfants. Sa détention est prolongée en novembre.

Début décembre, lors d'une audition, sa femme évoque un problème de traduction et retire une partie de ses accusations – les violences sexuelles, mais pas les violences physiques.

Le 5 décembre, Blerim est libéré sous conditions sur décision du Tribunal des mesures de contrainte. Il lui est toujours interdit d'approcher son épouse à moins de 200 mètres ou de la joindre directement. Il doit aussi suivre une thérapie de gestion de la violence et un programme de probation. Ce qu'il fait entre janvier et mars, même s'il a «toujours de la peine à accepter d’être mise en cause pour certains actes», évoque Fabien Gasser cité par «La Gruyère».

Le 10 avril, Blerim entre chez ses anciens patrons, chez lesquels sa femme fait le ménage. Et la tue. Il aurait ainsi réussi à mettre la main illégalement sur une arme, en l'occurrence un fusil de chasse de calibre 12 avec canon scié. Le lendemain, Blick révèle que son «sérieux penchant pour les armes» était connu de ses collègues.

Un groupe de travail à l'Etat

Conseiller d'Etat à la tête de Direction de la sécurité, de la justice et du sport (DSJS), le libéral-radical (PLR) Romain Collaud «souhaite attendre de disposer de cet état de faits complet avant de s’exprimer publiquement». Ce mardi 15 avril, le secrétaire général de son Département, Didier Page, fait savoir à Blick qu'un groupe de travail (GT) dont l'impulsion «est politique» est «en cours de constitution» pour faire rapidement la lumière sur les faits et la responsabilité de l'Etat.

Placé sous la double responsabilité de la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS) – du conseiller d'Etat de l'Union démocratique du centre (UDC) Philippe Demierre – et de la DSJS, il sera «composé de représentants des services concernés de ces deux directions, ainsi que de membres des autorités judiciaires concernées». Ses membres sont «encore en cours de désignation par le Conseil de la magistrature» et les axes de réflexion seront établis «dès la première séance».

Des résultats rapides?

Objectif de ce groupe de travail? Etablir «une chronologie exhaustive et précise de l’ensemble des faits, actions et décisions des autorités qui ont concerné cette famille». Et ce, à «très court terme», puisque les autorités espèrent «un premier résultat à l’horizon de quelques semaines».

Quant à savoir si les conclusions de cet organe pourraient mener à d'éventuelles procédures à l'encontre de services de l'Etat, il est «trop tôt pour le dire», selon Didier Page. «A tout le moins, il pourrait donner lieu à la prise de mesures correctives immédiates si des lacunes flagrantes étaient constatées dans le mécanisme de prise en charge des situations de violences domestiques», envisage tout de même le secrétaire général du DSJS.

Manque de moyens dans la prise en charge

Le meurtrier présumé était suivi par l'association EX-Pression, qui accompagne les hommes ayant recours à la violence domestique. Au micro de la RTS lundi, le directeur de l'institution a dénoncé le «manque de moyens, notamment dans les institutions et les milieux associatifs», pour assurer un suivi de qualité. «Les milieux associatifs ne sont pas inclus à ce stade, souligne Didier Page à propos du GT, mais pourraient être sollicités si nécessaire dès cette première phase.»

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Le collectif Grève féministe Fribourg organise ce mercredi un rassemblement en la mémoire de la défunte, rapporte «La Liberté». Dans leur communication, elles engagent la responsabilité du canton qui «choisit de sous-investir les instruments de lutte contre les violences masculines».

Les personnes souhaitant manifester sont invitées à venir dès 18h30 avec une bougie et du scotch. Ce mardi, un «groupe de coordination» s'est concentré sur la situation des quatre enfants du couple, âgés de 13 à 20 ans, afin d'assurer «leur meilleure prise en charge».

*Prénom d'emprunt

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