L'Organisation internationale pour les migrations de l'ONU, qui a été durement frappée par les réductions de l'aide étrangère des États-Unis, va supprimer au moins 20% des emplois à son siège de Genève, a appris l'AFP auprès d'employés. «Cela signifierait plus de 200 employés. Je crois que c'est plus», a déclaré vendredi un des employés à l'AFP sous couvert d'anonymat. Quelque 1000 personnes travaillent au siège genevois.
Ces nouvelles suppressions d'emplois arrivent quelques semaines seulement après que l'OIM a licencié environ 3000 employés. Ils travaillaient pour le programme de réinstallation des réfugiés des États-Unis, qui a été arrêté par l'administration du président Donald Trump.
Ambiance délétère
«L'atmosphère est très difficile à décrire», a déclaré un employé de l'organisation, qui à la fin 2024 employait encore 22'000 personnes. Plus tôt cette semaine, le personnel de la division Communication a été convoqué pour des «entretiens individuels de 15 minutes et leur annoncer qu'ils étaient licenciés», raconte cet employé, qui note que ces entretiens ont duré 5 minutes et que les gens «sortaient en pleurant».
Un ancien employé, qui a également requis l'anonymat, a expliqué que «des dizaines d'employés» avaient reçu leur avis de licenciement jeudi, ajoutant que «d'autres suivront».
Impossible de quantifier la situation
Contactée par l'AFP, l'OIM elle-même n'a pas confirmé l'ampleur de ces nouvelles suppressions d'emplois. Mais un porte-parole a reconnu que l'agence «effectuait des ajustements nécessaires, notamment des réductions de personnel proportionnelles et équilibrées et réalisait des gains d'efficacité opérationnelle».
«Nous reconnaissons pleinement l'impact profond que cela a sur les communautés que nous servons et notre personnel, et nous surveillons de près ces changements et nous assurons que notre capacité est adaptée à notre objectif», a déclaré le porte-parole. «Notre priorité reste de respecter notre mandat principal – fournir une aide essentielle pendant les crises tout en nous adaptant à un budget plus restreint», a-t-il affirmé.
Selon un des anciens employés, «des départements entiers ont été supprimés». Les contrats à durée déterminée seront renvoyés en juin, tandis que d'autres types de contrats recevraient un préavis d'au moins 30 jours et il semble que les postes juniors soient les plus touchés.
Coupes budgétaires de Trump
Les coupes financières de l'administration Trump frappent durement l'OIM, qui sert plus de 280 millions de migrants dans le monde et dépendait des États-Unis pour plus de 40% de son budget annuel.
Presque tout son financement provient de contributions volontaires réservées à des programmes spécifiques, ce qui signifie qu'un donateur qui arrête le flux d'argent peut rapidement paralyser un programme entier.
«Nous devons prendre des décisions vraiment difficiles concernant le personnel parce que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de payer le personnel lorsque nous ne sommes pas réellement payés pour notre travail», a expliqué Amy Pope, directrice générale (DG) de l'OIM, à l'AFP lors d'une récente interview.
Les employés de l'OIM ont exprimé leur colère et partageaient une vidéo vendredi, apparemment filmée lors de la visite de Mme Pope au Guatemala cette semaine, la montrant en train de danser avec l'équipe sur place. «La DG danse pendant que des personnes sont licenciées», a lâché un employé qui a partagé la vidéo. «Nous sommes vraiment en colère !»