Les Etats-Unis se retirent des négociations à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour un traité contre les pandémies. Ils ont relayé cette décision vendredi, a affirmé lundi à Genève le directeur général de l'institution. «Comme pour la décision de se retirer de l'OMS, nous regrettons cette décision», a ajouté Tedros Adhanom Ghebreyesus au début d'une nouvelle semaine de discussions entre Etats membres sur un possible traité. Il a appelé les Etats-Unis à reconsidérer cette approche.
Malgré tout, le directeur général reste persuadé qu'un arrangement pour un accord mondial est possible d'ici l'Assemblée mondiale de la santé en mai prochain. «C'est une question de maintenant ou jamais. Je suis confiant que vous choisirez maintenant», a-t-il insisté. Le coronavirus a tué environ 20 millions de personnes et «continue de tuer», ajoute le directeur général. «Aucun pays ne peut se protéger par lui-même», a-t-il affirmé, mettant en garde à nouveau contre les prochaines pandémies. Selon lui, des arrangements bilatéraux en l'absence d'un accord mondial «ne vous mèneront pas loin». La prévention, la préparation et la réponse face aux pandémies sont «de la responsabilité de tous les pays».
Divergences sur plusieurs questions
Le président américain Donald Trump avait décidé, parmi ses premiers décrets, de retirer son pays, qui pèse environ 18% du financement de l'OMS, une volonté qui sera en vigueur dans un an. Après cette annonce, l'organisation avait pris de premières mesures comme un gel des embauches. La Suisse a aussi récemment déploré que des contrats de consultants de l'OMS payés par les Etats-Unis dans des pays en situation d'urgence aient été suspendus.
Malgré des avancées sur plusieurs questions, les négociations pour un accord anti-pandémies piétinent depuis trois ans. Le directeur général a toutefois salué le nouveau projet de texte qui reflète les différentes opinions des Etats membres et «les besoins de santé publique». Les divergences sont tenaces sur certaines questions comme la propriété intellectuelle, le partage des indications sur les pathogènes ou encore l'approche «une santé» sur la santé humaine, santé animale et environnement.
Préoccupations d'ONG
Symbole, le lancement d'un «système multilatéral d'accès et de partage des avantages pour les agents pathogènes à potentiel pandémique» (PABS) semble compromis à court terme. Celui-ci serait piloté par l'OMS et permettrait d'éviter une attitude comme celle de la Chine pendant le coronavirus. Mais les pays en développement ne sont pas favorables aux exigences supplémentaires que cette obligation provoquerait. De même, ils ne souhaitent pas en assumer les conséquences financières. Cette question pourrait faire l'objet d'une négociation séparée.
Autre problème, celui sur l'accès équitable à la réponse contre une pandémie, alors que les premières doses étaient arrivées beaucoup plus tardivement dans les pays en développement au moment du coronavirus. Une part de la production de vaccins ou technologies contre une urgence sanitaire internationale devrait à l'avenir être attribuée gratuitement ou à prix raisonnable à l'OMS. Des ONG redoutent qu'elle ne soit que trop peu importante.