Ilias Panchard ne lâche pas l’affaire. L’élu vert au Conseil communal lausannois dépose trois postulats et une initiative pour bannir la cigarette des lieux fréquentés par les enfants. Après un premier refus de la Municipalité en octobre 2024, il revient à la charge avec une nouvelle offensive anti-tabac.
Lausanne protège-t-elle les fumeurs… ou les cigarettiers?
Petit retour en arrière. En octobre dernier, la Municipalité rejetait une interdiction de fumer sur les places de jeux. Le syndic socialiste Grégoire Junod avançait un argument pour le moins surprenant: les parents défavorisés fument plus et pourraient renoncer à emmener leurs enfants au parc si la cigarette y était proscrite.
Un raisonnement qui fait bondir Ilias Panchard. «Donc on protège davantage le droit des adultes à fumer plutôt que celui des enfants à ne pas respirer de fumée? Ce n’est pas sérieux. Moins d’enfants exposés à la cigarette, c’est forcément moins de jeunes qui commencent à fumer. Ça ne peut avoir qu’un effet positif.»
Le Conseil communal ayant déjà retoqué la position de la Municipalité sur ce dossier, l’élu estime qu’une nouvelle confrontation ne ferait que confirmer ce rejet. «S’ils répondent la même chose, la majorité du Conseil communal votera probablement la même chose. Ça serait absurde.»
Coup de pression sur Philip Morris
Mais au-delà des interdictions, une autre question plane: celle des liens entre la Ville et l’industrie du tabac. Lausanne abrite le siège opérationnel de Philip Morris, mastodonte de la cigarette.
L’élu écologiste veut y voir plus clair. «Assez peu de structures ont reçu des financements de l’industrie du tabac, mais l’exemple de la Fondation de l’Hermitage montre que ça existe. Quelle est l’ampleur réelle de ces liens?», s’interroge-t-il. Et surtout, peut-on réellement mener une politique anti-tabac ambitieuse quand on héberge l’un des plus gros cigarettiers du monde?
Ilias Panchard dénonce aussi la double stratégie de l’industrie. «Ils nous vendent un 'avenir sans fumée' avec leurs alternatives au tabac, tout en continuant à exporter des cigarettes classiques, pas aux normes, vers les pays du Sud. Ce n’est pas à nous de leur donner un blanc-seing parce qu’ils paient beaucoup d'impôts ou investissent dans la culture.»
Des arrêts de bus aux préaux d’école
En plus des places de jeux, son collègue vert Valéry Beaud veut étendre l’interdiction de fumer aux préaux scolaires et aux abords des structures d’accueil para et préscolaire. Il plaide aussi pour un contrôle plus strict des nouvelles formes de tabac, comme les puffs, qui séduisent les jeunes, et des campagnes de prévention plus musclées pour les adultes. Ces différentes demandes sont soutenues par des élus communaux des Vert'libéraux, d'Ensemble à Gauche et du Parti Socialiste.
De son côté, le groupe socialiste pourrait déposer un texte pour interdire la cigarette aux arrêts de bus, à l’image de ce qui se fait déjà à Genève. Le groupe du parti à la rose ne s'est toutefois pas encore accordé sur le contenu de la proposition.
Mais avec ces nouvelles propositions, le débat sur la place du tabac dans l’espace public lausannois est relancé. La Municipalité devra cette fois-ci trouver de nouveaux arguments si elle veut à nouveau enterrer la question. Contacté par Blick, le syndic n'a pas souhaité s'exprimer, les objets n'ayant pas encore été traités par le Conseil communal.