Le SSP Hautes-Ecoles (Syndicat suisse des services publics) a dénoncé lundi le non-renouvellement du contrat de Joseph Daher, professeur invité de l'Université de Lausanne (UNIL). Selon le syndicat, l'alma mater «invente des procédures pour se débarrasser d'un employé» qui a soutenu le mouvement d'occupation des étudiants pro-palestiniens à l'UNIL.
Il avait prêté sa carte d'accès
Le professeur invité à l'Université de Lausanne depuis plusieurs années s'est vu signifier par la direction de l'UNIL le non-renouvellement de son contrat pour le semestre de printemps 2025. ll lui a notamment été reproché le prêt de sa campuscard (carte permettant d'accéder à son bureau) lors de l'occupation de l'UNIL au printemps passé, explique le SSP Hautes-Ecoles dans un communiqué.
La direction de l'UNIL a informé Joseph Daher de cette décision le 30 janvier, soit deux jours avant le début de son nouvel engagement, pourtant acté de longue date. La manière dont elle a procédé est «inacceptable tant sur le fond que sur la forme», estime le SSP Hautes-Ecoles.
Enquête à charge
Après avoir ouvert une enquête administrative, confiée à un mandataire externe, qui a conclu que Josesph Daher serait coupable d’une infraction «moyennement grave à grave», cette même direction a renoncé pourtant à toute sanction disciplinaire. «Ce subterfuge cache (très mal) la vacuité du dossier et le fait que l'enquête a été menée totalement à charge», relève le SSP-Hautes Ecoles. Par ce moyen, la direction veut empêcher le professeur de s'opposer aux conclusions «disproportionnées» de l'enquête, alors qu'une procédure lui aurait permis de répondre aux accusations formulées, a déclaré le secrétaire syndical Raphaël Ramuz à Keystone-ATS. Ce non-renouvellement fait par ailleurs suite à plusieurs mois d'acharnement administratif à l'encontre du professeur et à une absence totale de protection de sa réputation alors qu'il faisait l'objet d'une campagne de dénigrement, poursuit le communiqué.
Asile scientifique
Face aux dénis de droits, le syndicat soutient la contestation juridique (au tribunal des prud'hommes de l'administration publique - TRIPAC) du professeur Daher. Cette opposition demande au TRIPAC de prendre des mesures provisionnelles permettant au professeur d'enseigner, en attendant la décision du tribunal. Le SSP Hautes-Ecoles demande que l'UNIL respecte ses droits, notamment celui d'enseigner et de se défendre. Dans l'intervalle, il «offre l'asile scientifique au professeur Daher et aux étudiants qui se voient injustement privés de son enseignement». Un cours est prévu jeudi à la Maison du peuple à Lausanne.
«Oui le professeur Daher a soutenu le mouvement d’occupation de l’UNIL par les étudiants. Oui, le professeur Daher a un discours critique, fondé sur des années de recherche scientifique, sur la politique du gouvernement israélien à l’égard de la Palestine. Doit-il pour autant être mis au ban de la communauté académique et interdit d’enseigner?», interroge le SSP.
Une pétition de soutien
Et de relever que nombre de ses collègues de l’UNIL et des autres universités (plus de 100 collègues de l’UNIL et plus de 500 scientifiques en Suisse et à l’étranger) ont signé des pétitions de soutien. Le Conseil de la Faculté des SSP a lui adopté une résolution soutenant Joseph Daher, qui a été remise à la direction de l'alma mater. Sollicitée pour une réaction, l’UNIL a répondu ne pas se prononcer pas sur des cas individuels. Le contrat de Joesph Daher, professeur invité, se terminait le 31 janvier, a précisé sa porte-parole Géraldine Falbriard.