Les anticorps de synthèse qui sont utilisés notamment dans les thérapies contre le cancer ont le désavantage d'être coûteux et difficiles à produire. Une équipe de chimistes et de biochimistes de l'Université de Genève (UNIGE) pense avoir trouvé la parade. Elle a mis au point des molécules aux capacités semblables, mais bien moins onéreuses et beaucoup plus faciles à fabriquer.
Ces corpuscules infinitésimaux, nommés protéomimétiques auto-assemblés (SAP), pourraient révolutionner le traitement de certaines maladies, indique l'UNIGE, lundi, dans un communiqué. Les SAP sont conçues «sur mesure pour cibler et neutraliser les protéines nocives dans l'organisme», comme le font les anticorps.
Des composantes s'emboitent comme un puzzle
Cité dans le communiqué, le professeur Nicolas Winssinger, qui a dirigé l'équipe de scientifiques de l'UNIGE, décrit la structure des SAP. Leurs composantes s'emboîtent à l'image des pièces de puzzle. Ils forment alors un élément stable qui est capable de se lier «étroitement» aux protéines pathogènes.
Dans le détail, les SAP sont constitués de deux morceaux d'environ 30 acides aminés chacun, liés entre eux par des brins d'acide nucléique peptidique (PNA), un polymère synthétique dont la structure est similaire à celle de l'ADN et de l'ARN. «Ces miniprotéines peuvent être facilement produites en laboratoire».
Le cancer plus facile à traiter?
Ces SAP, comme leurs cousins anticorps de synthèse, sont conçus pour se lier à une protéine spécifique. Cette précision permet d'atteindre certaines cellules. Il s'agit, par exemple, de cibler des cellules tumorales ou des virus. La nouvelle approche a ainsi été démontrée sur HER2, un biomarqueur bien connu du cancer.
La protéine Spike du Covid-19 a également pu être ciblée avec des SAP. En rendant ces molécules synthétiques efficaces, les SAP ont le potentiel de transformer la manière de traiter les maladies complexes, et de rendre ce type de thérapie plus accessible, écrit encore l'UNIGE dans son communiqué. Les travaux de l'équipe du professeur Winssinger font l'objet d'une publication dans la revue spécialisée «Proceedings of the National Academy of Sciences».