Alors que l'Ukraine fait face à son troisième hiver de guerre et qu'aucune fin n'est en vue, le soutien aux réfugiés s'amenuise en Suisse. Lundi, le Conseil national a approuvé deux motions visant à restreindre le statut de protection S. Auparavant, le Conseil des Etats avait déjà approuvé les deux projets. Le «Beobachter» se penche sur cette décision.
La motion de la conseillère aux Etats UDC Esther Friedli prévoit qu'à l'avenir, seules les Ukrainiennes qui vivaient dans des régions occupées par la Russie ou touchées par des combats plus ou moins intenses puissent bénéficier du statut de protection S.
Mise en œuvre difficile
La manière exacte dont la proposition sera mise en œuvre n'est pas encore claire. L'Ukraine est quotidiennement la cible d'attaques russes, et pratiquement aucune région n'est épargnée.
Il est difficile de déterminer si quelqu'un vient d'une région plus ou moins touchée par les combats. Et la situation peut évoluer rapidement. Il est donc difficile d'estimer le nombre de personnes qui n'auront effectivement pas accès au statut de protection S.
La pression sur le système d'asile s'accroît
L'impact sur le système d'asile est également difficile à prévoir. La situation tendue se reflète déjà dans les quelque 4700 demandes de statut de protection S en attente auprès du Secrétariat d'État aux migrations (SEM).
Selon le SEM, le statut de protection S a été créé entre autres pour désengorger le système d'asile. Les deux motions adoptées pourraient désormais avoir l'effet inverse.
«Il n'est pas exclu que des personnes ukrainiennes qui n'obtiennent pas de protection collective déposent alors une demande d'asile. Cela pourrait alourdir encore le système d'asile et aussi retarder la réduction des cas en suspens», écrit le SEM dans une prise de position adressée au «Beobachter».
Restrictions pour les voyages de retour
La deuxième motion, déposée par le conseiller aux Etats du Centre Benedikt Würth, concerne les quelque 65'000 personnes bénéficiant du statut de protection S en Suisse. A l'avenir, elles ne pourront quitter la Suisse que pour 14 jours maximum, par exemple pour des visites au pays.
En cas d'absence prolongée, elles risquent de perdre leur statut de protection S. On veut ainsi éviter les allers-retours entre l'Ukraine et la Suisse. La manière dont cela sera vérifié n'est pas encore déterminée. Interrogé par le «Beobachter», le SEM écrit qu'il examine actuellement la mise en œuvre concrète des motions.