Il ne s’écoule décidément guère de temps avant que la commune de Vétroz (VS) ne défraie la chronique. Les heurs et malheurs de la cité proclamée capitale de l’amigne, du nom de cette spécialité vinicole réputée pour sa douceur, ont commencé en 2020, avec le Covid. En quelques semaines, vingt-quatre décès liés à l’épidémie ont en effet décimé son EMS, inscrivant un triste record.
Puis, alors que le souvenir d’un féminicide dont l’auteur avait pignon sur rue dans le village s’estompait quelque peu – meurtre de la mère de son ex-compagne en décembre 2016 – voilà qu’une seconde tragédie du même type se produisait au matin du 28 juillet dernier. En ce dimanche d’été, un quinquagénaire du lieu blessait mortellement son ex-femme et le compagnon de cette dernière à quelques centaines de mètres de son domicile, avant de retourner son arme contre lui.
Un drame qui survenait quelques jours seulement après qu’un apprenti ait accidentellement perdu la vie sur un chantier situé à une cinquantaine de mètres du lieu de la fusillade. Puis, un peu plus d’un mois après, le 3 septembre, c’est l’incendie d’une entreprise de production de pigments de zinc qui a fait craindre le pire en matière de pollution à la population avant, heureusement, d’être rapidement circonscrit. Enfin, au registre des catastrophes, personne n’a oublié le gigantesque sinistre qui a ravagé la zone industrielle de la commune en juillet 2023, laissant le site de production de la maison BioFruits totalement détruit et toute la région sous la menace d’une mega pollution durant plusieurs jours.
Atmosphère pourrie
Stop, n’en jetez plus! C’est la supplique des Vétrozaines et Vétrozains, qui aspirent à un peu de tranquillité au sortir de cette série noire. Raté. Car voilà qu’une polémique au relent nauséabond vient pourrir l’atmosphère de la cité à trois semaines des élections communales. Explications.
Tout a en fait commencé l’an dernier déjà, le 8 juin 2023, lorsque le président libéral-radical (PLR) de la commission de gestion du Conseil général et candidat au Conseil communal, a posté une vidéo sur la plateforme d’un hébergeur américain, caption generator. Un site qui propose des séquences de films célèbres sur lesquels il est possible de personnaliser les dialogues et de les reproduire en sous-titres dans la langue désirée.
Une aubaine apparemment pour le quadragénaire, enseignant à l’école primaire du village, qui a choisi de parodier une longue séquence du film «La chute», évoquant les derniers jours d’Adolf Hitler et de son état-major, en l’adaptant à divers évènements liés à la commune. Pour faire bonne mesure, l’apprenti producteur a fait endosser le rôle du Führer au président de la municipalité, Olivier Cottagnoud, leader du groupement Alternative/vétrozaine, et celui de deux officiers de l’état-major nazi, au chef des constructions et au secrétaire communal. Un trio encore sous le choc aujourd’hui et qui a déposé une plainte pénale pour diffamation et calomnie dans la foulée.
«Pour eux, je suis la 11e plaie d’Egypte!»
L’auteur des faits se ventant de son acte auprès de ses amis politiques, la justice valaisanne n’a pas tardé à perquisitionner son matériel informatique et son smartphone qui ont rapidement «parlé» et l’ont contraint à passer aux aveux. Malgré ce rapide dénouement, il a fallu près d’un an avant que le Ministère public du canton du Valais délivre aux parties une ordonnance pénale, le 7 mai 2024, désignant l’enseignant comme coupable de calomnie au sens de l’article 174 du Code pénal et le condamnant à une peine pécuniaire de 10 jours-amende de 190 francs, avec sursis pendant 2 ans et en lui imputant les frais de la cause (700 francs).
Un verdict qui ne satisfait pas complètement les plaignants puisque la vidéo en question n’a pas été retirée et est toujours accessible. Un comble pour celui qu’on appelle le président de la commune, le syndic ou encore le maire selon les cantons, dont l’activité à 80% est rétribuée à hauteur de 120'000 francs par année, frais inclus. «Depuis 2013, date de mon entrée au Conseil communal, j’ai appris à gérer les critiques et à supporter les coups même les plus bas. Mais là, la ligne rouge a été franchie.»
Je me bats pour rétablir mon honneur et celui de mes collaborateurs, ainsi que pour nos familles, particulièrement ébranlées par ces attaques sordides et intolérables» confie Olivier Cottagnoud, en énumérant une liste d’obstacles que ses adversaires s’ingénient à dresser sur sa route depuis son accession à la présidence selon lui.
«Pour eux, je suis la 11e plaie d’Egypte, la cause de tous les maux de la commune» conclut-il. Alerté, l’enseignant, qui a fait recours de sa condamnation auprès du Tribunal de District, a refusé de répondre à nos questions, nous renvoyant à son avocat. Sans réfuter les faits, ce dernier s’est contenté de nous indiquer ne pas comprendre pour quelle raison Blick s’attardait sur une affaire qui, selon lui, n’en est pas une. En clair, circulez, y a rien à voir! Tout est dit…