Refus de prise en charge
«Visana m'a enlevé toute chance de me remettre sur pied»

Claudio Götti avait des dettes à six chiffres. Sa caisse maladie ne lui remboursait plus que les frais médicaux d'urgence. Après sa faillite privée, la caisse maladie aurait dû revenir sur sa décision. Mais elle ne l'a pas fait.
Publié: 21.01.2023 à 14:04 heures
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Pendant deux ans, Claudio Götti s'est battu pour être rayé de la liste noire de sa caisse maladie.
Photo: Philippe Rossier
Tobias Ochsenbein

Claudio Götti, 39 ans, habitant de Flawil (SG), comptait commencer une nouvelle vie après la faillite de son business. «J’ai fait des erreurs par le passé, je me suis endetté à hauteur de 130’000 francs. Mais je l’ai assumé et j’ai cherché à prendre un nouveau départ.» Cependant, on lui a mis des bâtons dans les roues, raconte-t-il. Sa caisse maladie Visana refuse de l’aider.

Le presque quarantenaire avait également des dettes auprès de Visana. Il se trouvait donc sur la liste des mauvais payeurs de primes de l’Office des assurances sociales du canton de Saint-Gall. Ce qui signifie que la caisse maladie ne lui aurait versé de prestations médicales qu’en cas d’urgence.

Seulement voilà: avec la clôture de la faillite privée de son entreprise en mars 2020, effectuée par l’office des faillites de Wil (SG), Claudio Götti a été retiré de la liste noire. Néanmoins, Visana ne compte toujours pas lui rembourser l’intégralité des prestations obligatoires, explique-t-il.

Seulement après le remboursement de la dette

Il s’en est rendu compte deux mois après la faillite, lorsqu’il a une douleur aux dents. Un traitement de racine s’avère nécessaire. Mais sa caisse maladie ne veut pas prendre en charge les frais de médecin, de diagnostic ou de laboratoire.

«Visana a insisté pour que je rembourse d’abord mes dettes avant de pouvoir à nouveau bénéficier de prestations, raconte Claudio Götti. Mais les dettes en question sont considérées comme en faillite. Ce n’est pas correct. Cela m’enlève toute chance de me remettre sur pied.» Depuis sa faillite, le Suisse a toujours payé ses primes d’assurance maladie, souligne-t-il, soit plus de 400 francs par mois pendant deux ans.

Conséquences fatales

Claudio Götti a insisté auprès de sa caisse, clame-t-il. Il a envoyé des lettres recommandées, a passé des appels téléphoniques, a cherché le dialogue sur place. En vain – bien que l’Office des assurances sociales de Saint-Gall ait attesté dès août 2020 l’avoir rayé de la liste noire et en avoir informé son assurance.

Interrogée, la caisse maladie répond: «Les reproches adressés à Visana ne sont pas fondés. Visana n’a jamais tenu une telle liste. Le canton de Saint-Gall nous avait demandé de ne plus rembourser que les traitements d’urgence de Monsieur Claudio Götti. Visana était légalement tenue de se conformer à cette instruction.» Cela ne concernait pas les traitements d’urgence.

En janvier 2022, Claudio Götti se rend chez son médecin parce qu’il se sent mal. Celui-ci aurait refusé de lui accorder un rendez-vous en raison de la suspension des paiements de Visana.

En février, les douleurs deviennent insupportables et l’homme a dû être hospitalisé d’urgence. Une opération suit. On finit par lui diagnostiquer la maladie de Crohn, une maladie chronique de l’intestin avec laquelle il devra vivre le reste de sa vie. Un choc pour Claudio Götti. «Je n’accuse pas Visana d’être responsable de mon état de santé, mais cela ne se serait pas passé ainsi si la caisse maladie avait rempli ses obligations. Visana a mis en danger ma santé par négligence.»

Dernier espoir

Claudio Götti s’est adressé à l’office de médiation. Celui-ci a insisté à plusieurs reprises auprès de l’assurance-maladie. Ce n’est qu’en mars 2022 que Visana a fait savoir que «les justificatifs de remboursement avaient été rejetés par erreur dans notre centre de prestations». Tous les frais ont été rétroactivement remboursés.

Le Suisse envisage d’entamer des démarches juridiques. Pour cela, il cherche actuellement un soutien juridique. «C’est le dernier espoir qu’il me reste, pour pouvoir enfin tout clarifier.»

La liste noire sur laquelle figuraient les mauvais payeurs de primes a été supprimée début décembre 2021 dans le canton de Saint-Gall.

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