Depuis deux semaines, il est possible de comparer combien coûte le litre d’essence dans différentes stations-service de Suisse grâce à la plateforme de comparaison développée par le TCS. L'association est «très satisfaite» de son radar des prix de l'essence: le site du TCS a déjà été consulté plus d'un millions de fois au cours des deux premières semaines de mise en ligne de la plateforme. En outre, plus de 12’000 personnes se sont inscrites pour participer activement à l’élaboration du radar des prix de l’essence. Chaque jour ce sont près de 2500 prix à la pompe à travers tout le pays qui sont actualisés.
Mais tout n’est pas encore parfait. Il manque encore de nombreuses stations-service indépendantes dans le radar des prix de l’essence. Environ 1500 demandes ont été déposées à cet effet. De même, la plateforme n’est toujours pas disponible dans l’application TCS. Selon le porte-parole de l'association, Laurent Pignot, cela devrait toutefois être le cas dans les semaines à venir.
Scepticisme des groupes pétroliers
Il n'est pas certains que toutes les stations-services participeront à la démarche. Les compagnies pétrolières expliquent que les exploitants de stations-service sont libres de choisir s’ils veulent participer ou non.
Mais, la branche ne semble guère favorable à l’initiative du TCS. La porte-parole de Shell, Jane Nüssli, déclare par exemple à Blick: «La transparence des prix de l’essence est assurée à tout moment. De nombreuses stations-service disposent d’un tableau d’affichage où les prix des produits sont bien visibles». De plus, elle émet un doute quant aux données mises en ligne sur la plateforme: «Les changements de prix dans les stations-service sont actuellement plus fréquents que par le passé». De nombreuses données du radar datent parfois de plusieurs jours.
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Patrick Staubli, directeur de la coopérative Avia - un groupement de 90 sociétés pétrolières, en rajoute une couche: «La forte densité de stations-service ainsi que la communication transparente des prix à la colonne sur les panneaux d’affichage garantissent en Suisse la concurrence ainsi que la transparence totale des prix». Avia considère qu’une comparaison en ligne des stations-service n’est pas nécessaire et n’y voit aucun avantage pour le consommateur. «Nous partons du principe, sur la base des informations dont nous disposons, que les conducteurs fait principalement le plein sur le trajet entre leur domicile et leur lieu de travail, ce qui n’implique guère de détours», explique la coopérative. Avia n’est toutefois pas fermée à une collaboration avec le TCS.
Le directeur général du TCS, Jürg Wittwer, est quant à lui d'avis que la plateforme répond à un véritable besoin et que la communauté est prête à contribuer au développement du radar des prix de l'essence afin de servir l'intérêt général.
Vers une plateforme étatique?
Dans quelques jours, le Parlement se prononcera sur la création d’un calculateur de prix en ligne national. Le Conseil fédéral n’en a pas vu l’utilité, mais le Conseil des Etats a approuvé une motion en ce sens. Reste à connaître la décision du Conseil national.
Shell et Avia soulignent qu’une telle plateforme devrait être mise en place dans toute la branche et qu’il faudrait des conditions techniques spéciales pour pouvoir communiquer en temps réel à la plateforme les prix de l’essence dans les stations-service.
Le surveillant des prix, Stefan Meierhans, s’attend lui aussi à ce que les groupes pétroliers essaient de retarder au maximum la livraison des données au calculateur des prix de l'essence - en recourant notamment à une longue procédure juridique.
«Le Parlement est libre de décider qu’une plateforme développée par l’Etat et aux frais des contribuables répond le mieux aux attentes de la population», déclare Laurent Pignot. Selon lui, le TCS s’est concentré sur la mise à disposition rapide d’une solution gratuite pour tous les automobilistes. Si la Confédération devait mettre en place une base de données avec les prix actuels de l’essence, le TCS se contenterait d’intégrer ces données dans sa plateforme.
Le son de cloche est un peu différent chez Romain Boichat, de la plateforme de comparaison des prix de l’essence ton-plein.ch, de conception similaire: «Si une solution étatique devait un jour voir le jour, nous arrêterions». Actuellement, il y a de la place pour deux plateformes – celle du TCS ayant une portée nettement plus grande.