Des arnaques en ligne qui se font passer pour des sites web de médias connus, usant à tort de l’image de personnalités publiques, ça arrive régulièrement, à l'ère post-digitale. Mais poursuivre ces malfaiteurs — anonymes et bien planqués — relève généralement d’une tâche sisyphéenne.
Lundi, le journaliste de Heidi.news Grégoire Brabey a dénoncé deux nouvelles arnaques du genre. Véhiculées sous forme de publicité sponsorisée sur Facebook. La première? Un faux site web de «20 Minutes», qui titre «Les suisses gagnent des millions depuis leur domicile pendant cette pandémie de coronavirus grâce au Président Guy Parmelin. Les grandes banques VEULENT QU’IL DÉGAGE!», image de notre conseiller fédéral (et non pas président…) à l’appui.
La seconde publicité fallacieuse prétend vous faire gagner 16’000 euros par mois, si vous investissez 250 euros... Toujours avec la figure du conseiller fédéral de l’Union démocratique du centre (UDC).
Les arnaqueurs adorent l’UDC?
Il se trouve que ce n’est pas une première pour le chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR). Contacté par Blick, son service de communication affirme: «Nous avons connaissance de ce type de publicité mensongère, qui revient sans cesse depuis maintenant deux ans, principalement sur Facebook.»
Guy Parmelin (le vrai) s’est d’ailleurs lui-même exprimé à ce propos sur le réseau social, l’année dernière. Voici ce qu'il y déclarait notamment: «Ces publicités sont illégales et fausses. J’ai en conséquence déposé plainte pénale contre inconnu auprès du Ministère public de la Confédération.»
Elon Musk, Roger Federer, Darius Rochebin… Il est relativement courant que ce type d’escroquerie usurpe l’image d'une célébrité, comme l’explique «Le Matin», dans un article sur le cas qui a concerné le média lui-même. Les titres de presse étant, eux aussi, souvent la cible de ces manœuvres indélicates, Blick compris.
Niveau politique, il semblerait que les malfrats derrière ces combines ont un penchant pour les conseillers fédéraux suisses. Avec une petite préférence pour l’UDC: en 2021, par exemple, c’était l’image de Ueli Maurer qui avait été détournée, comme le relevait le média «Watson». Un mois plus tard, c'était au tour d'Alain Berset, comme nous l’écrivions sur nos plateformes.
Se battre contre des moulins à vent
Également contacté pour commenter ce phénomène, Philippe Favre, rédacteur en chef de «20 Minutes», nous confirme que ces arnaques touchent régulièrement le média depuis plus de deux ans. Mais «cela ne s’était plus produit depuis quelques semaines ou quelques mois.»
Le chef du quotidien gratuit concède qu'affronter ce genre de cybercriminalité, c’est un peu comme se battre contre des moulins à vent. Car les responsables des réseaux sociaux où peuvent circuler ces fausses publicités ne semblent pas faire de la lutte contre ce fléau une priorité.
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En effet, le média a déjà tenté d’alerter Facebook. «La plateforme réagit peu à nos sollicitations, déplore Philippe Favre. Elle nous renvoie généralement vers un service en Suisse, puis en Irlande, puis aux États-Unis, ainsi de suite… Avoir ne serait-ce qu’une vraie réaction de sa part peut ainsi prendre des mois, ou même des années.»
«20 Minutes» aussi a déposé une plainte pénale contre inconnu, pour un cas similaire, il y a des années déjà. Sans trop d’illusions: «L’efficacité d’un dépôt de plainte contre des actes de cybercriminalité du genre est quasi nulle. Peut-être, par chance, nous arriverons un jour à mettre la main sur au moins l’un des coupables. Mais c’est un peu peine perdue, à mon avis.»
En essor depuis le Covid
Traçables ou pas, le Fédération romande des consommateurs (FRC) prend les escrocs derrière les pubs fallacieuses au sérieux. Dans un article publié en 2021, l’organisation cite la cheffe de la section communication de la police cantonale vaudoise: «Depuis l’arrivée du Covid, les escrocs ont eu le temps d’affiner leurs techniques.»
La fédération détaille également sur quoi misent ces arnaques, et comment s’en prévenir au mieux: «Le scénario est similaire à chaque fois. Sur les réseaux sociaux, une publication imitant l’habillage d’un média local […] fait croire à un article rédactionnel.»
Le sujet principal du faux papier étant toujours une personnalité publique et locale, qui «à cause d’une pseudo-bourde, dévoilerait un secret bien gardé». Généralement ayant trait à des méthodes d’enrichissement improbables. Ainsi, la FRC «recommande à chacun d’affûter son esprit critique, surtout en ligne».