«Je veux leur présenter mes excuses, j'ai bien donné la mort à Maëlys, je ne voulais pas lui donner la mort, je vais m'expliquer sur les faits au cours de l'audience», a déclaré depuis le box, en étouffant des sanglots, Nordahl Lelandais, 38 ans.
L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il a déjà été condamné à Chambéry (Sud-Est) en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre d'un jeune soldat - verdict dont il n'avait pas fait appel.
Ancien maître-chien militaire, il est jugé pour l'enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys De Araujo, âgée alors de huit ans, en août 2017, ainsi que pour des agressions sexuelles à l'encontre de deux de ses petites-cousines au cours du même été.
«Le plus longtemps en prison»
«J'attends qu'il reste le plus longtemps en prison, et qu'on se sente rassurés qu'il soit en prison», avait déclaré à la presse le père de Maëlys, à son arrivée au tribunal.
La mère de la fillette, qui vient de publier un livre-récit consacré à sa fille, s'était présentée portant un grand portrait peint de Maëlys, qu'elle a longuement montré aux caméras. Sa fille aînée portait, elle aussi, une photo de sa petite soeur.
Outre les experts et enquêteurs, une quarantaine de témoins devraient être entendus au fil des audiences. Quelque 250 journalistes ont été accrédités pour suivre les débats, un nombre considérable pour ce type d'affaire.
Compassion et indignation
Dès le début, il y a quatre ans et demi, ce tragique fait divers a fasciné le grand public, suscitant compassion pour les parents de la fillette et indignation à l'égard du suspect, perçu comme un manipulateur et un temps soupçonné d'être un tueur en série.
A l'approche du procès, dossiers spéciaux et reportages consacrés à l'affaire Lelandais se sont à nouveau multipliés dont l'un a donné lieu à une enquête pour «violation du secret professionnel».
Pressentant bien en amont le «défi» d'une forte pression médiatique, le palais de justice a ouvert une deuxième salle avec retransmission vidéo directe et a renforcé les mesures de sécurité. Pour les jours de trop grande affluence médiatique, un «tirage au sort» déterminera quels journalistes seront admis dans la salle d'audience principale.
Et, comme au procès des attentats du 13 novembre, les parties civiles ne souhaitant pas être abordées par les médias arboreront un cordon rouge autour du cou. Quant aux jurés, ils pourront bénéficier d'une assistance psychologique s'ils le souhaitent.
Circonstances encore floues
Le suspect devra s'expliquer sur les circonstances qui l'ont conduit à tuer, involontairement selon lui, Maëlys De Araujo lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Sud-Est) dans la nuit du 26 au 27 août 2017.
On ignore encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture. Les circonstances du décès de l'enfant restent aussi entourées de zones d'ombre.
Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, l'ancien militaire avait finalement été confondu par la découverte d'une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Six mois après les faits, il avait conduit les enquêteurs jusqu'aux restes de sa victime, dans le massif de la Chartreuse.
Il sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d'images pédopornographiques.
Le verdict est attendu autour du 18 février — si la pandémie de Covid-19 ne vient pas brouiller les cartes. (ATS)