L'Ouzbékistan et la Suisse ont signé jeudi à Tachkent un accord pour restituer à ce pays d'Asie centrale environ 182 millions de dollars. Ceux-ci avaient été confisqués dans le cadre d'une procédure pénale contre la fille emprisonnée de l'ex-autocrate ouzbek, Islam Karimov.
Les fonds seront rapatriés conformément à l'accord de restitution entre la Suisse et l'Ouzbékistan, a écrit le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), interrogé par l'agence de presse Keystone-ATS. Dans cet accord, les deux Etats se sont mis d'accord en 2022 sur la création d'un fonds d'affectation spéciale multipartenaire des Nations Unies.
C'est par le biais de ce fonds que l'argent issu de la restitution doit profiter à la population de l'Ouzbékistan. Le fonds sera utilisé pour les sommes définitivement confisquées dans le cadre de la procédure pénale suisse contre Gulnara Karimova.
313 millions remboursés au total
Selon le ministère de la justice ouzbek, les fonds restitués dans ce cadre s'élèvent au total à 313 millions de dollars, la Suisse ayant versé 131 millions de dollars dans une première tranche.
Au total, le Ministère public de la Confédération (MPC) a gelé plus de 800 millions de francs dans le cadre de la procédure pénale engagée contre Mme Karimova et d'autres de ses compatriotes. Les autorités de poursuite pénale suisses accusent Gulnara Karimova de participation à une organisation criminelle. S'y ajoutent le blanchiment d'argent, la corruption et la falsification de documents.
Selon l'acte d'accusation du MPC de septembre 2023, Mme Karimova aurait mis en place et dirigé, au moins de 2001 à 2013, une organisation criminelle à structure hiérarchique appelée l'"Office». Le réseau criminel comprenait plusieurs dizaines de personnes et une centaine d'entreprises.
Blanchiment de pots-de-vin
L'organisation dissimulait des fonds issus d'activités criminelles dans des relations bancaires, des coffres-forts et des biens immobiliers. Pour ce faire, les acteurs suivaient des règles contraignantes et une stricte répartition des tâches. Ils avaient également recours à la violence et à l'intimidation.
Mme Karimova et ses complices se sont enrichis dans le secteur des télécommunications en Ouzbékistan, qui a connu une forte croissance dans les années 2000. Les entreprises qui voulaient s'y implanter devaient verser des pots-de-vin aux entreprises de l'"Office» ou à Gulnara Karimova.
Cette dernière a profité de son statut de fille de l'ancien président Islam Karimov et de fonctionnaire ouzbeks pour exercer une influence illimitée sur les fonctionnaires du pays. Son père a dirigé l'Ouzbékistan d'une main de fer pendant un quart de siècle jusqu'en 2016. Gulnara Karimova a été condamnée à 13 ans de prison dans son pays en 2020.