Ils sont ultra-précis et extrêmement efficaces: les drones de combat prennent de plus en plus d'importance, notamment dans la guerre en Ukraine. Ils détruisent les chars ennemis, mais aussi les installations civiles. Pendant longtemps, le Département de la défense (DDPS) de la conseillère fédérale du Centre Viola Amherd ne voulait pourtant pas en entendre parler. Mais la guerre en Ukraine a fait évoluer les mentalités au sein de l'armée suisse et a ainsi surpris le Parlement l'année dernière.
Le DDPS aurait donc soudainement des plans pour développer lui-même des drones kamikazes en Suisse, comme le rapporte le «Tages-Anzeiger». En juillet, l'Office fédéral de l'armement (Armasuisse) aurait même invité une centaine de représentants de l'industrie suisse des drones, leader mondial. Jusqu'à présent, ces derniers ne travaillaient toutefois que dans le domaine civil et ne veulent rien avoir à faire avec l'armée.
La Confédération veut développer une nouvelle industrie de l'armement
«Traditionnellement, il y a eu une assez grande peur d'entrer en contact entre l'industrie des drones et l'industrie de l'armement», explique Tobias Vestner, du Centre de politique de sécurité de Genève, cité dans le communiqué. «Mais la guerre en Ukraine a tout changé; la situation sécuritaire se détériore et les constructeurs sont de moins en moins frileux.»
Le chef de l'armement Urs Loher et le chef de l'armée Thomas Süssli voient également dans les drones militaires une révolution dans la conduite de la guerre. Ils pourraient même représenter une chance de créer une nouvelle industrie de l'armement. Cela permettrait non seulement de réduire la dépendance vis-à-vis de l'étranger, mais aussi de proposer quelque chose aux pays alliés. «La Suisse ne développera plus jamais elle-même un char ou un avion de combat» a indiqué Urs Loher. Et à sa question «qu'est-ce que nous savons faire de bien ?», une seule réponse: les drones.
Une taskforce a donc été créée sous l'égide de la ministre de la Défense Amherd, dans le but de développer des drones d'attaque en Suisse.
«L'autonomie est toujours un choix judicieux»
Le DDPS s'intéresse également à la défense contre les drones. Au cours des trois prochaines années, l'industrie pourrait compter sur un «montant à deux chiffres en millions» de fonds de recherche, rapporte le «Tages-Anzeiger». Trois classes de drones d'attaque doivent être développées, avec une portée de 10, 100 et même plus de 300 kilomètres.
En 2022, l'UDC avait demandé «l'introduction rapide de drones armés». Le conseiller national UDC Thomas Hurter a montré toute sa satisfaction: «Cela va dans la bonne direction. L'autonomie est toujours un choix judicieux.» Même Marionna Schlatter, membre des Vert-e-s, s'est positionnée en faveur «des drones plutôt que des chars».
Selon le rapport, le chef de l'armement Urs Loher est confiant dans le fait qu'Armasuisse entamera des coopérations avec des entreprises suisses de drones. De «bons contacts» ont déjà été établis. Ces contacts devraient bientôt déboucher sur des «prototypes» et des «tests». Et dès l'année prochaine, l'armée devrait procéder aux premiers essais avec des drones Kamikaze.