Depuis que la Confédération a accordé à Axpo une ligne de crédit de 4 milliards de francs, le groupe électrique n'a plus le vent en poupe. Les appels des politiques à plus de transparence se sont faits de plus en plus pressants. Elle est surtout sollicitée par la direction, autour du CEO Christoph Brand et du président du conseil d'administration Thomas Sieber.
Les cantons propriétaires, en particulier, veulent désormais en savoir plus sur les raisons des difficultés financières du plus grand groupe électrique suisse et sur l'avenir de l'entreprise. Jusqu'à présent, ils avaient réagi de manière remarquablement conciliante à la menace du trou de plusieurs milliards d'Axpo.
Séance extraordinaire
Entre-temps, les propriétaires - dont les gros actionnaires d'Axpo, Zurich et Argovie - ont prévu une réunion extraordinaire pour la semaine prochaine. C'est ce que Blick a appris de sources sûres.
L'essentiel de cette réunion portera sur la future structure d'Axpo. Une variante radicale prévoit de démanteler le groupe électrique, c'est-à-dire de séparer le secteur du négoce - où le risque est le plus grand - de la production d'électricité.
Mais les actionnaires majoritaires vont d'abord se demander si Axpo doit être soumise à un audit externe. Heinz Tännler s'est récemment prononcé avec véhémence en faveur d'une expertise indépendante: «Tout autre choix ne serait pas sérieux au vu de la situation actuelle», a déclaré le directeur des finances zougois dans un entretien avec Blick.
Le canton de Zoug - avec une part d'actions de moins d'1% - n'est toutefois pas une voix importante dans le conglomérat d'actionnaires. Suite à différentes interventions dans les parlements cantonaux de Zurich et d'Argovie, la revendication de Heinz Tännler a néanmoins pris de plus en plus de poids ces derniers jours.
Manque de confiance
Dans une lettre adressée cette semaine aux actionnaires majoritaires, notamment à Stephan Attiger, directeur argovien des travaux publics, de l'environnement et des transports et représentant des propriétaires d'Axpo, Heinz Tännler avait souligné qu'un examen était devenu inévitable. Interrogé par Blick, Stephan Attiger confirme à présent: «Le canton d'Argovie et le canton de Zurich envisagent de faire réaliser un audit de la gestion d'Axpo par un organe de révision externe et indépendant, conformément au droit des sociétés anonymes.»
Selon Stephan Attiger, le débat public et diverses interventions politiques indiquent clairement un manque de confiance envers la direction opérationnelle et financière d'Axpo: «Le Conseil d'Etat est convaincu que seul un audit de gestion externe indépendant au sens de l'épuisement des droits de regard peut rétablir la confiance.»
Stephan Attiger n'accepte pas le reproche selon lequel les actionnaires majoritaires ne s'intéressent guère à la conduite des affaires d'Axpo, dont ils ont encaissé des millions de dividendes pendant des années: «Le canton d'Argovie a demandé en permanence à la direction et au conseil d'administration, dans le cadre d'entretiens avec les propriétaires, des informations sur l'activité commerciale ainsi que sur le respect de la stratégie du propriétaire.» Sur la base de ces entretiens et des informations disponibles, le canton n'a aucune raison de mettre en doute les déclarations d'Axpo qui y sont faites.
Axpo saluerait un contrôle
Heinz Tännler part du principe que ce point est de la plus haute priorité, mais il admet que «nous avons agi trop tard. Dès le printemps, il était clair que la crise d'Alpiq allait nous en faire voir de toutes les couleurs. Mais aucun gros actionnaire ne voulait l'entendre à ce moment-là.»
La direction d'Axpo réagit en revanche avec calme. Samedi, le président du conseil d'administration Thomas Sieber a déclaré dans une interview à l'«Aargauer Zeitung»: «Le conseil d'administration et la direction salueraient un audit indépendant.»
(Adaptation par Lliana Doudot)