La campagne vaccinale connaît une accalmie dans tous les cantons. Alors qu’en période de pointe on comptait plus de 94’000 vaccinations par jour, la semaine dernière les chiffres ont baissé à 68’000 injections par jour. 52% de la population suisse a reçu une première dose de vaccin: un chiffre insuffisant pour les experts.
«Les vacances d’été ont provoqué un trou dans la campagne de vaccination», a déclaré le médecin cantonal bâlois Thomas Steffen à Blick. Il estime qu’il faut agir pour pousser les citoyens à se faire vacciner pour atteindre un taux d’immunité collective suffisant. «Il faudrait atteindre 70% de personnes vaccinées en Suisse à la fin de l’été» pour éviter notamment que le virus ne se propage cet automne chez les personnes qui n’ont reçu aucune injection, explique le médecin. En fonction de l’évolution, des mesures plus strictes devraient être envisagées à nouveau, au moins localement.
Les experts allemands préconisent un chiffre plus élevé
Les pays étrangers sont du même avis que la Suisse, et se montrent même plus exigeants. Dans son dernier bulletin, l’Institut allemand Robert Koch a calculé que 85% des personnes âgées de 12 à 59 ans et 90% des personnes âgées de plus de 60 ans devraient être vaccinées pour contrôler la propagation du Covid-19.
Ces estimations prennent en compte l’augmentation de la prévalence du variant Delta.
Si ces chiffres sont atteints, les experts allemands estiment qu’une forte augmentation de l’occupation des lits en soins intensifs pourrait être évitée à l’automne. Mais la propagation du variant Delta rend la vaccination de la population urgente pour cet été.
«Le bon moment pour se faire vacciner, c’est maintenant!»
Ces chiffres doivent-ils constituer des objectifs également pour la Suisse? Le chef de la Task Force Martin Ackermann ne veut pas s’engager sur un taux de vaccination précis. Il a tout de même souligné pendant la conférence de presse de l’OFSP mardi que: «Plus le taux de vaccination est élevé, mieux c’est. Chaque augmentation de la protection vaccinale compte».
L’exemple de la Grande-Bretagne montre l’importance d’une couverture vaccinale importante au sein de la population. Avec 98% des personnes âgées de plus de 70 ans entièrement vaccinées, les taux d’hospitalisation et de mortalité sont nettement inférieurs par rapport à d’autres pays européens, indique Martin Ackermann.
En suisse, sur les 1,2 million de personnes de cette tranche d’âge, 1 million a été vacciné ou est rétabli. «200’000 personnes de cette tranche d’âge ne bénéficient toujours pas d’une protection vaccinale complète», précise le chef de la Task Force. La propagation du variant Delta est donc à craindre particulièrement pour ces personnes. «La Suisse n’est pas encore hors de danger», prévient-il. «Le bon moment pour se faire vacciner, c’est maintenant!»
«La vaccination prévient l’apparition de formes graves»
Virginie Masserey, cheffe de la section «Contrôle de l’infection et programme de vaccination» à l’OFSP, estime que la situation épidémiologique est encore bonne, mais qu’il faut rester vigilants. Le variant Delta gagne du terrain et représente environ 30% des nouvelles infections. Selon l’infectiologue, ce sont surtout les jeunes non vaccinés qui contractent le nouveau variant. Ces derniers n’ont que des symptômes légers ou sont asymptomatiques.
Il faut maintenant observer comment cette légère augmentation va évoluer par rapport aux cas graves, ajoute-t-elle. «La vaccination prévient l’apparition de formes graves du virus», souligne Virginie Masserey. Sa demande à la population est simple: «Faites-vous vacciner!».