Pour éviter le black-out
Les Vert'libéraux veulent débrancher les remontées mécaniques

Les centrales à gaz doivent empêcher les pénuries d'électricité. Un non-sens selon les Verts libéraux, qui proposent de payer des entreprises pour qu'elles arrêtent leurs installations. A commencer par les stations de ski.
Publié: 20.03.2022 à 11:06 heures
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Dernière mise à jour: 20.03.2022 à 11:17 heures
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Pour éviter une pénurie d'électricité en hiver, le Conseil fédéral veut construire des centrales à gaz.
Photo: BAA_2013_03_28
Camilla Alabor

Boom des panneaux solaires, des pompes à chaleur et des chauffages à pellets de bois: de plus en plus de Suisses se tournent vers les énergies renouvelables. Pour l'environnement, mais à présent aussi pour s'affranchir du gaz russe: la guerre en Ukraine influence d’autant plus le virage aux énergies vertes.

Mais le tournant énergétique n’est pas sans risque. A partir de 2025, la Suisse risque un black-out en hiver qui pourrait durer plusieurs jours. La conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga propose donc de construire des centrales à gaz qui pourraient être mises en route en cas d’urgence.

Chez les Vert’libéraux (PVL), la proposition d’utiliser des combustibles fossiles est mal accueillie. La construction de centrales à gaz est «insensée et inutile», déclare le président du parti Jürg Grossen. La solution du PVL: stocker l'électricité de manière intelligente... et l’économiser.

Les détecteurs de mouvement et les voitures électriques aident

«Aujourd’hui, près de la moitié de l’électricité suisse part en fumée sans être utilisée», explique Jürg Grossen. Le chef des Vert'libéraux renvoie à une étude de l’Office fédéral de l’énergie selon laquelle le potentiel d’économie d’électricité peut atteindre 40%.

Ainsi, de nombreuses entreprises consomment inutilement de l’électricité la nuit, commente-t-il. Dans sa propre entreprise, tout est éteint – dans la mesure du possible – dès que le dernier collaborateur quitte le bâtiment. «Grâce aux détecteurs de mouvement, cela se fait de manière entièrement automatique.» Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la manière dont la numérisation permet de réduire la consommation d’énergie.

Une commande intelligente permet également de résoudre le problème du stockage d’électricité, précise-t-il. Par exemple à l’aide de voitures électriques.

Jürg Grossen ajoute: «Si nous intégrons les batteries des voitures électriques dans le réseau et utilisons une partie de la charge comme stockage, il est possible d’en tirer la puissance de plusieurs centrales nucléaires, calculée sur quatre millions de voitures.» Pour la plupart des trajets, on n’a pas besoin d’une batterie entièrement chargée.

Les Vert’libéraux reçoivent du soutien

La collègue de parti de Jürg Grossen, Barbara Schaffner, lance une autre proposition. La Confédération devrait payer les entreprises pour qu’elles arrêtent brièvement leurs installations en cas d’urgence. «Je pense par exemple aux remontées mécaniques ou à d’autres entreprises qui peuvent réduire leur consommation sans nuire à l’ensemble de l’économie, pour autant qu’elles soient indemnisées.»

Des solutions volontaires comme celles-ci sont plus avantageuses et plus écologiques que les centrales à gaz qui resteront pour la plupart inutilisées, argumente-t-elle.

La proposition des Vert’libéraux n’est pas tout à fait dénuée de sens. Le plan d’urgence de la Confédération prévoit qu’en cas de pénurie d’électricité, les entreprises peuvent être obligées de réduire leur production d’électricité. Une coupure volontaire incluant un dédommagement serait toutefois une meilleure solution, selon Schaffner.

Les Vert’libéraux sont convaincus que grâce à de telles mesures, la construction de centrales à gaz deviendrait superflue. Ils ne sont pas les seuls à le penser: les interventions que le parti a faites cette semaine sur le sujet bénéficient d’un large soutien, de l’UDC au PS.

(Adaptation par Lliana Doudot)


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