Pour discrimination raciale
Le Ministère public ouvre une enquête sur les UDC Marco Chiesa et Peter Keller

L'année dernière, une campagne de l'UDC a provoqué de nombreux remous. Plusieurs plaintes pénales pour discrimination raciale ont été déposées. Le Ministère public bernois va désormais enquêter sur deux représentants de l'UDC.
Publié: 31.08.2024 à 16:00 heures
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Dernière mise à jour: 31.08.2024 à 20:35 heures
Le Ministère public bernois a ouvert une enquête sur le conseiller aux Etats UDC Marco Chiesa et l'ancien conseiller national Peter Keller pour discriminations raciales.
Photo: keystone-sda.ch
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Céline Zahno

Deux personnalités de l'UDC sont dans le collimateur du Ministère public de Berne. Il leur est reproché d'avoir enfreint la norme pénale antiraciste.

L'année dernière, les autorités ont reçu plusieurs plaintes pénales pour discrimination raciale dans le cadre de la campagne électorale de l'UDC «Nouvelle normalité?». L'UDC y dénonçait la criminalité liée à l'asile. Sur l'image, on voit par exemple des réfugiés à la peau foncée, barrés d'une grande croix rouge. La Commission fédérale contre le racisme avait alors demandé à l'UDC de retirer cette campagne, car elle était incendiaire et déformait la réalité. L'UDC a campé sur ses positions.

Enquête sur Marco Chiesa et Peter Keller

Le Ministère public bernois a donc ouvert une procédure, comme l'a d'abord rapporté «CH Media». Il veut enquêter sur le conseiller aux Etats UDC Marco Chiesa et l'ancien conseiller national Peter Keller. Le Ministère public demande au Parlement de lever l'immunité de ces deux personnes. Les deux parlementaires étaient en effet responsables de la campagne: Marco Chiesa était à l'époque président, et Peter Keller secrétaire général de l'UDC Suisse.

La commission juridique du Conseil des Etats et la commission de l'immunité du Conseil national doivent maintenant décider si l'immunité doit être levée. Ce n'est que si elles suivent cette proposition que les deux hommes pourront faire l'objet d'une enquête. Ceci parce que l'infraction présumée est liée à leur fonction de l'époque.

Les commissions évalueront si les faits reprochés sont plus graves sur le plan pénal que l'exercice sans entrave du mandat politique. Le président de l'UDC Marcel Dettling a vivement critiqué l'ouverture de la procédure pénale. «C'est une attaque scandaleuse contre la démocratie et la liberté d'expression», déclare-t-il.

Les procédures pénales échoueront probablement

Marco Chiesa et Peter Keller ne devraient pas avoir à craindre une condamnation: «Les procédures pénales vont échouer», déclare à «CH Media» Marcel Niggli, professeur de droit pénal à l'université de Fribourg. Il s'est penché sur la norme pénale antiraciste dans plusieurs publications.

Selon lui, on peut trouver la campagne bête ou indécente, mais l'UDC n'affirme pas clairement l'infériorité ou la minorité de certains groupes d'étrangers. C'est la condition pour qu'il y ait discrimination raciale au sens pénal du terme, explique le professeur.

Mais avant d'en arriver à des poursuites pénales, les membres du Parlement devront d'abord lever l'immunité de Marco Chiesa et Peter Keller. Et cela n'arrive que très rarement.

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