Pour augmenter les bénéfices
Les CFF prévoient une campagne de surveillance avec caméras cachées

Les CFF comptent surveiller les passants dans les gares avec des caméras cachées. Le but de cette campagne? Mieux comprendre le comportement des consommateurs pour augmenter le bénéfice de la compagnie. Cela fait grincer les dents du côté de la droite.
Publié: 16.02.2023 à 06:22 heures
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Dernière mise à jour: 16.02.2023 à 06:59 heures
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Dans les gares suisses, les voyageurs seront désormais surveillés par les CFF.
Photo: Keystone
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Pascal Tischhauser

Quiconque achète des comprimés contre la diarrhée à la pharmacie de la gare, s’attarde devant un magasin de lingerie ou s’achète deux canettes de bière sera surveillé. Les CFF veulent installer des caméras dissimulées avec reconnaissance faciale dans 57 de ses stations, comme le révèle le magazine de consommation «K-Tipp» dans son dernier numéro.

À la suite de la publication de l’article susmentionné, le préposé fédéral à la protection des données, Adrian Lobsiger, a réagi: il exige des chemins de fer fédéraux un concept de protection des données. En effet, il considère qu’en raison de la «multitude de données collectées et du risque de ré-identification des personnes», il existe un «risque considérable» pour les passants, comme il l’avance dans les pages du magazine.

Pour augmenter les bénéfices

À partir de septembre, les CFF ne veulent pas seulement filmer les gens dans les gares – comme ils le font déjà aujourd’hui avec 700 caméras – mais aussi évaluer leur comportement d’achat et le relier aux données du Swisspass. L’âge, le sexe, la taille, les bagages transportés, les poussettes ou les vélos, tout sera enregistré. Combien de temps deux étudiantes restent-elles assises au café de la gare? Que boivent ces jeunes femmes de 19 ans? Combien d’argent ont-elles dépensé auparavant au kiosque? Quel train prennent-elles ensuite et avec qui? Les CFF le sauront, à moins que les politiciens montent au front.

Quel est l’objectif de ces caméras? Augmenter le «taux d’écrémage» – c’est-à-dire la quantité d’argent dépensée par les passagers, selon les documents des CFF que «K-Tipp» a pu consulter. Plus le chiffre d’affaires des commerces dans les gares est élevé, plus le loyer qu’ils doivent verser aux CFF est important.

Des caméras cachées

La gare de Schaffhouse serait la première à être équipée de ce dispositif. L’opération de surveillance, qui devrait s’étendre depuis le nord de la Suisse, est prévue jusqu’en 2028, avec une option de prolongation jusqu’en 2033. Mais ce n’est pas tout: les caméras seront installées de façon à ne pas être visibles par les voyageurs. Et les données seraient conservées dans un espace de stockage de Microsoft, c’est-à-dire sur les serveurs du grand groupe américain.

Les Chemins de fer fédéraux se défendent dans «K-Tipp». «Les CFF peuvent améliorer le service à la clientèle grâce à des données de comptage anonymisées», explique le service de presse. Il ne serait pas possible de tirer des conclusions quant aux comportements individuels. Par ailleurs, les achats ne seraient pas reliés avec les données personnelles du Swisspass.

Une tâche pour Albert Rösti

Pourtant, des documents obtenus par Blick montrent que la réalité est tout autre. Dans l’appel d’offres des CFF, il est précisé que les caméras doivent permettre l'«identification univoque de la personne (Person-ID), pendant tout le séjour dans la gare». L’ancienne régie fédérale va-t-elle pouvoir s’en sortir?

Pas si le conseiller national UDC Roland Rino Büchel a son mot à dire. Il a d’ores et déjà exigé une réaction du conseiller fédéral compétent en la matière, Albert Rösti: «Nous ne sommes pas la Corée du Nord! Il est inadmissible que des personnes aient l’impression d’être constamment sous surveillance. Le ministre des Transports a ici une tâche importante à accomplir. Il s’agit de stopper cet espionnage de la part des CFF!»

Le président de la commission des transports du Conseil national, Jon Pult (PS), a également réagi: «Il n’est pas souhaitable que les CFF se comportent comme Google ou Facebook, établissent les profils des déplacements de chacun d’entre nous et enregistrent nos habitudes de consommation.» Si cette affaire n’est pas résolue dans les prochains jours ou semaines, il exige que les CFF donnent des informations complémentaires à la commission.


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