La justice vaudoise se repenche mercredi sur la plainte civile portée par l'ancien conseiller d'Etat Pascal Broulis contre un journaliste du Tages-Anzeiger. La plainte porte sur une atteinte à la personnalité et le politicien exige le retrait d'articles incriminés.
Plusieurs tentatives de conciliation ayant échoué, le procès devait entrer dans le vif du sujet, à savoir le contenu de neuf articles sur onze publiés dans le grand quotidien zurichois sur la situation fiscale et des voyages en Russie de l'ex-ministre des finances vaudois.
Cinq ans après le dépôt de l'action civile par l'actuel conseiller aux Etats (VD/PLR), le Tribunal d'arrondissement de Lausanne a procédé dans la matinée aux interrogatoires du politicien et du journaliste du «Tagi» ainsi qu'à l'audition de six témoins - journalistes, anciens rédacteurs en chef, ex-médiateur, juriste et fonctionnaire. Les plaidoiries des avocats, elles, étaient prévues cet après-midi.
S'agissant des articles ciblés, Pascal Broulis s'estime victime d'une campagne de dénigrement. L'auteur de ces papiers, à charge selon le point de vue du sénateur, est le correspondant en Suisse romande du «Tagi», qui, lui, s'en défend.
Cette procédure civile a été engagée contre l'ex-groupe Tamedia (aujourd'hui TX Group), le journaliste et l'ancienne rédactrice en chef du média zurichois. Une conciliation entre les deux parties n'avait pas abouti en avril 2019. La plainte avait été déposée ensuite en septembre de la même année. Une deuxième tentative de conciliation avait encore échoué après une audience en décembre 2021.
Le journaliste a affirmé n'avoir «jamais voulu se venger»
Le juge a de nouveau demandé mercredi si une éventuelle conciliation n'était pas envisageable. «Cela paraît très compromis», a répondu l'avocat du journaliste Me Kevin Guillet. «Illusoire», a dit celui du politicien, Me Alexandre Curchod.
Leur interrogatoire n'a rien apporté de nouveau et de très intéressant. Tout au plus, Pascal Broulis a évoqué sa grande curiosité pour la géographie, l'histoire et la culture de la Russie, et le journaliste a affirmé n'avoir «jamais voulu se venger» contre l'ex-ministre des finances, en lien aux «critiques» du Conseil d'Etat vaudois sur les choix économiques et les restructurations à l'époque chez Tamedia.
Témoin, l'organisateur des voyages en Russie, ayant défrayé la chronique quant à leur prise en charge financière et posé la question des conflits d'intérêts, Eric Hoesli, a rappelé que ces voyages étaient «strictement privés». Et que leurs «frais nécessaires et prévisibles étaient répartis entre chaque participant et payés à l'avance».
L'ancien rédacteur en chef de l'Hebdo et du Temps, ex-directeur des publications romandes de Tamedia et grand connaisseur de la Russie, a aussi souligné qu'il était le seul organisateur et responsable de ces voyages. Il a aussi affirmé que plusieurs articles concernés étaient «truffés d'inexactitudes et d'erreurs de faits» et contenaient parfois même des informations «complètement farfelues».
Pascal Broulis espère obtenir la suppression des articles incriminés d'internet – y compris des archives et des réseaux sociaux – et le versement d'un franc symbolique à titre de réparation du tort moral. Il demande aussi le versement d'une somme correspondant au bénéfice réalisé par Tamedia avec la publication de ces articles, une somme qui devra être estimée par le Tribunal.
(ATS)