L'Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT Suisse) fulmine. Dans un rapport que le pôle enquête de la RTS s'est procuré ce jeudi 8 février, l'ONG anti-tabac critique avec vigueur la collaboration entre Philip Morris et l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). En cause: une potentielle influence de la firme sur deux travaux académiques.
Deux projets de recherche, entre 2017 et 2021, ont reçu respectivement un million et 120'000 francs, confirme à la RTS un porte-parole de l'université. Ces études concernent «de nouvelles méthodes d'analyse dans les domaines de la toxicologie et de la chimie», selon le service public.
Ce partenariat est affiché sur les sites internet de Philip Morris et de l'EPFZ. Mais le Fonds national suisse de la recherche (FNS), lui aussi sponsor de ces recherches, n'était pas au courant.
Pas la même politique à l'EPFL
L'institution académique a répondu aux critiques d'AT Suisse et aux questions de la RTS. Le service de presse évoque la liberté de ses chercheurs de «décider des questions qu'ils souhaitent aborder et s'ils veulent collaborer avec des tiers». L'EPFZ considère ces études comme «scientifiquement pertinentes et intéressantes pour la société» et souligne leurs résultats publics.
AT Suisse et son directeur Luciano Ruggia accusent le cigarettier de vouloir utiliser la science pour valoriser ses produits. L'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), de son côté, annonce à la RTS «exclure toute collaboration avec l'industrie du tabac», quand bien même des contrats entre l'EPFL et Philip Morris ont perduré jusqu'en 2012.