La Suisse change constamment de visage en été. Il y a celui au bord du Rhin à Bâle, où les gens se promènent à l'ombre des platanes. Un barbu vêtu d'une combinaison moulante en lycra manœuvre son vélo de course à travers la foule. Un autre s'assoit au bord de l'eau, sort un sandwich de son sac. Au milieu, des personnes pieds nus en maillot de bain et bikini apparaissent, avançant vers l'eau.
Ou au bord du lac Léman, vers Vidy. Une mer de serviettes de bain recouvre la pelouse, des corps partout, minces, épais, certains rougis par le soleil, d'autres recouverts de tatouages. Certains se tiennent dans l'eau jusqu'aux mollets, une canette de bière à la main. D'autres viennent les manches de chemise retroussées et la cravate desserrée, certains nagent rapidement loin dans le lac.
Le long hiver passé dans les cafés, sur les pistes de ski et au cinéma n'est qu'une solution temporaire en attendant de pouvoir retourner vers l'eau: au bord du lac, au bord de la rivière, à la piscine. Ici, entre une glace et un plongeoir, entre une sieste sous les arbres et un crawl, le quotidien stressant s'efface.
La Suisse, pays des bains
L'année dernière, la plus grande piscine en plein air de Suisse – le Marzili à Berne – a accueilli 890'000 visiteurs. Rien qu'à Zurich, les bains du lac comptent près d'un million d'entrées, deux fois plus que les piscines en plein air de la ville. Un nombre incalculable de personnes barbotent en dehors des grandes installations, quelque part entre le lac Léman et le lac de Constance.
Patrick Schoeck de la Société suisse d'histoire a étudié l'histoire des établissements de bains au bord des lacs, des rivières et des piscines en plein air. «La Suisse est un pays de bains», souffle-t-il. L'eau des cours d'eau est propre comme presque nulle part ailleurs. «Aucun autre pays sans littoral qui offre cela.»
Une longue histoire de la baignade
Les Suisses se baignent depuis des siècles, malgré les interdictions et les défis. Déjà en 1525, le parlement de la ville de Zurich interdit aux enfants de sauter des roues à aubes dans la Limmat. Malgré le fait que beaucoup ne savent pas nager et que certains se noient, les gens continuent à se glisser dans l'eau. Des garçons audacieux construisent des radeaux en roseau et naviguaient sur les lacs. Les hommes et les femmes se baignent ensemble, ce qui choque les autorités religieuses de l'époque.
Le livre de Nikolaus Wynmann, écrit en 1538 et intitulé «Colymbetes, sive de arte natandi», est le premier ouvrage sur l'art de la natation. Il est critiqué par les ecclésiastiques de l'époque, mais la natation devient de plus en plus populaire au fil des siècles.
L'évolution des bains en Suisse
Au XIXe siècle, la baignade devient un passe-temps populaire en Suisse, en partie grâce à l'industrialisation qui pousse les gens vers les villes et crée le besoin de lieux pour se laver. Des établissements de bains en bois sont construits, offrant une certaine intimité aux baigneurs. Plus tard, des piscines en béton se développent, permettant aux familles de passer du temps ensemble dans des eaux plus chaudes.
La séparation entre les sexes est un autre aspect de l'évolution des bains en Suisse. Au début, hommes et femmes se baignaient ensemble, mais au fil du temps, des séparations strictes ont été imposées. Certaines régions catholiques ont résisté plus longtemps à cette séparation.
Aujourd'hui, les bains en Suisse offrent une variété d'expériences, allant des grandes piscines en plein air aux petites plages au bord des lacs. Les gens se rassemblent pour profiter de l'eau, se détendre et échapper au stress de la vie quotidienne.