Un millier d'agriculteurs suisses et leurs familles ont manifesté mardi devant l'Office fédéral de l'agriculture (Ofag), sans tracteur mais au son des cloches de vaches traditionnelles, pour réclamer des prix plus justes, des réglementations plus prévisibles et une bureaucratie moins lourde.
A Liebefeld, dans la banlieue de Berne, ils sont venus faire état de leurs doléances après une année 2024 difficile à cause de conditions de marché compliquées, d'un grand degré d'incertitude et de conditions météorologiques défavorables. «L'Ofag veut que nous soyons 50% plus productifs dans le futur mais il ne nous en donne pas les moyens», explique Simon Baechler, agriculteur à Vallon, dans l'ouest du canton de Vaud. Il dénonce «toujours plus de règles, plus de contrôles, et moins de surface avec moins d'argent pour la production. Sans parler la concurrence étrangère avec des coûts de production plus faibles».
Un poids «humiliant»
Des manifestants ont apporté un cercueil dans lequel reposait un paysan de paille pour mettre en avant le nombre de suicides dans le secteur agricole. D'autres ont joué au ping-pong, la balle représentant les agriculteurs que se renvoient l'Ofag, les responsables politiques et les grandes chaînes de supermarchés du pays.
Anne Chenevard, productrice de lait et de céréales à Corcelles-le-Jorat dans le canton de Vaud, a déclaré que le poids de la bureaucratie était «humiliant». «On a l'impression d'être pris pour des voleurs, pour des menteurs, pour des tricheurs. On se sent un peu comme des voyous. Parce qu'on est continuellement contrôlés pour être sûr qu'on applique à la lettre des directives qui souvent nous dépassent et qui sont extrêmement complexes», s'indigne t-elle.
Un avenir pour les jeunes
Arnaud Rochat, agriculteur et fondateur du mouvement Révolte agricole suisse sur les réseaux sociaux, égrène les revendications: meilleurs salaires, moins de bureaucratie, une meilleure planification et une politique agricole stable. «Quand on investit, on investit pour 20-30 ans. Donc il faut qu'on soit plus stable dans la planification», insiste-t-il auprès de l'AFP.
«C'est dur, il y en a beaucoup qui sont tout seuls, qui se noient dans le travail, qui croulent sur l'administratif, sur les papiers, qui ne savent plus où donner de la tête. Qui ont à peine à comprendre tous les programmes», explique l'agriculteur qui ajoute: «Il y a beaucoup d'agriculteurs qui se suicident, et nous n'en parlons pas». «Nous voulons un avenir pour les jeunes. C'est pour cela que nous devons nous battre aujourd'hui.»