Philippe Val, ex-chef de Charlie Hebdo
«Si j’ai dit que j’étais islamophobe, c’est par provocation»

Philippe Val, l'ex-chef de Charlie Hebdo et figure de la chaîne télé genevoise Léman Bleu, est-il islamophobe? C'est ce qu'il semble affirmer dans une émission du média français «Le Figaro». Il nie les accusations, et s'explique sur les plateformes de Blick. Interview.
Publié: 20.05.2024 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 20.05.2024 à 11:43 heures
Nous avons confronté Philippe Val aux propos sur l'islam qu'il a tenus dans «Le Figaro». (Image d'archives)
Photo: AFP
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Philippe Val, notable journaliste et écrivain français, longtemps à la tête de Charlie Hebdo, est-il islamophobe? L'homme de lettres était à l'honneur dans une vidéo du média français «Le Figaro», intitulée «Le rire est-il de droite? Philippe Val est dans Le Figaro La Nuit», et diffusée le 15 mai dernier. Il s'y illustre en affirmant notamment «oui, je suis islamophobe». Ce qui n'a pas manqué de déclencher des réactions outrées sur le réseau social X.

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Vérité qui éclate au grand jour, ou mots déformés, sortis de leur contexte? Nous avons confronté le principal intéressé aux propos qu'il a tenus dans le média de l'Hexagone. Celui qui est également, depuis près de trois ans, une figure de l'émission «Le PoinG» de la chaîne de télévision genevoise Léman Bleu, s'explique chez Blick.

Il réfute toute haine envers les musulmans, et s'offusque des mots choisis par «Le Figaro» pour relayer son propos. À noter que l'homme, qui a échappé à l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, contrairement à huit de ses confrères décédés, vit sous protection policière depuis des années. Interview.

Philippe Val, d’après le «Figaro», vous seriez ouvertement islamophobe. Est-ce que vous avez un problème avec les musulmans?
Non! C’est le titre de l’article du «Figaro» (ndlr: supprimé depuis) qui est idiot, et j’ai demandé à le faire supprimer. Il s’agissait d’une blague provocatrice, à la suite de laquelle j’ai vraiment expliqué mon point de vue, dans l’émission. Lorsque le journaliste m’a posé la question, j'ai dit que j'étais islamophobe par provocation, pour ensuite pouvoir m’expliquer, mais c'est évidemment faux! C’est une émission ancrée dans le rire. Et j’explique droit derrière que je peux être tout aussi cathophobe, christianophobe…

Donc, au final, vous n’avez pas de problème avec les musulmans en particulier, mais avec tous les religieux.
Je n’ai jamais eu de problème avec qui que ce soit à cause de sa religion! Je m’en fiche complètement, les croyances des gens me laissent indifférent. Personnellement, je suis athée, mais je ne juge pas les gens en fonction de leur religion.

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«Il faut que chaque personne religieuse respecte les préceptes qu’elle veut, mais foute la paix aux gens qui ne respectent pas les mêmes»
Philippe Val, journaliste et écrivain
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Vous dites quand même, dans cette émission du «Figaro», que vous ne supportez pas «les gens très religieux qui nous emmerdent et qui veulent qu’on suive leurs préceptes»…
Ce que je veux dire, par là, c’est qu’en tant que laïque, républicain et démocrate, je m’élève contre une religion lorsque cette dernière se permet de vouloir imposer ses modes de vie aux autres. Ou semer la terreur, parce que ses représentants radicaux veulent que tout le monde suive leurs préceptes. Il faut que chaque personne religieuse respecte les préceptes qu’elle veut, mais foute la paix aux gens qui ne respectent pas les mêmes! C’est la moindre des choses, en termes de cohabitation humaine. En dehors de cela, les religions ne me gênent pas. C’est un très mauvais procès qu’on me fait. On peut m’accuser de beaucoup de choses, mais pas de racisme!

Mais, imaginez, si quelqu’un se revendiquait antisémite comme vous vous êtes dit islamophobe… Ça vous choquerait, non?
Ça n’a rien à voir! L’islam n’est pas une race, c’est une religion, un corpus de préceptes et de croyances. Ce n’est pas une personne humaine, c’est une métaphysique. Et on a le droit de ne pas aimer une métaphysique. Il faut aussi rappeler que le mot islamophobe a été inventé par les Frères musulmans, pour qu’on ne puisse pas critiquer leur religion. Or, on a le droit de critiquer la religion. Ce qu’on n’a pas le droit de faire, c’est manquer de respect aux croyants. Et je respecte parfaitement les croyants, quelle que soit leur religion.

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«Je me suis toujours battu pour l’Europe, et contre le racisme»
Philippe Val, journaliste et écrivain
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Vraiment?
Il y a deux combats que je mène, depuis que je suis adolescent. Et tout le monde le sait, en France: je me suis toujours battu pour l’Europe, et contre le racisme. Cette histoire est donc complètement ridicule (soupire). Ça ne tient pas debout. Je ne comprends pas que le «Figaro» a osé titrer ainsi. D’autant plus que je vis déjà sous protection policière depuis plusieurs années…

Si quelqu’un a bien pris «cette histoire» très au sérieux, c’est Hafiz Chems-eddine, le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Il menace même de déposer plainte, sur X…
Qu’il porte plainte! Ça ne peut que se retourner contre lui, la jurisprudence est constante en France. Je connais par ailleurs personnellement Monsieur Chems-eddine, et je pense que s’il a écrit cela, c’est aussi parce qu’il y a de la radicalité autour de lui, et qu’il ne peut pas faire autrement. Bien qu’il ne soit, normalement, pas du tout sur la même ligne que les Frères musulmans, je pense qu’il a la trouille.

Est-ce que vous avez un message à faire passer aux musulmans de France (et de Suisse)?
Je me suis toujours rendu, sur invitation, chez des imams, dans des mosquées, pour dialoguer. Et je continuerai à le faire. J’y fais aussi valoir ma vision des rapports que doit avoir la République aux religions. J’ai encore reçu les remerciements d’une mosquée à la suite d’un échange que j’y ai eu, il y a trois jours…

Vous avez demandé au «Figaro» de modifier le titre du fameux article, qui commençait par «Oui, je suis islamophobe». Mais l’article a, finalement, été supprimé tout court. Vous y êtes pour quelque chose?
Non, j’ai simplement demandé de retirer ce titre ridicule pour des raisons de sécurité. Après, le reste, ils font ce qu’ils veulent, ce n’est pas moi le rédacteur en chef…

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