Omicron balaye la Suisse. Près de 220'000 personnes se trouvent actuellement en isolement ou en quarantaine - et ce nombre devrait encore augmenter. La Task Force s'attend à une «semaine de super-infection» d'ici fin janvier, au cours de laquelle 10 à 30 pour cent de la population pourrait être infectée par le virus.
«La vague est en marche», constatait mercredi Ignazio Cassis lors de sa première apparition en tant que président de la Confédération. Afin de protéger l'économie d'une pénurie de personnel, le Conseil fédéral réduit à cinq jours l'isolement des personnes infectées ainsi que la quarantaine pour les contacts étroits. Il demande même aux cantons ce qu'ils pensent d'une suppression totale des règles de quarantaine.
Lundi, la Confédération a appelé les cantons à maintenir des capacités suffisantes dans les hôpitaux et à garantir le fonctionnement des infrastructures critiques. Les écoles notamment ont de plus en plus besoin de soutien. Comment les cantons et les communes se préparent-ils donc à cette vague dont le pic devrait nous frapper incessamment sous peu?
1. Le secteur de la santé
Les Grisons recrutent du personnel soignant! Du moins auprès de ceux qui ont suivi une formation en soins infirmiers et qui ne travaillent plus dans la profession aujourd'hui. Une obligation de s'enregistrer auprès du canton est lancé, les intéressés sont invités à se préparer mentalement à une intervention à l'hôpital. Le raccourcissement de la quarantaine et de l'isolement devrait certes aider à lutter contre les pénuries de personnel. «Nous voulons toutefois être prêts en cas d'urgence», explique le directeur de l'Office de la santé, Rudolf Leuthold.
Appenzell Rhodes-Intérieures a déjà fait l'expérience de tels appels. 185 personnes pourront être engagées comme auxiliaires dans les hôpitaux et les homes pour personnes âgées. D'autres cantons, comme l'Argovie, ne veulent pas entendre parler de «recrutements forcés» et examinent plutôt le recours à des étudiants en médecine ou à des civilistes. L'hôpital cantonal d'Aarau fait preuve de créativité: l'offre interne de crèches est actuellement en pleine expansion afin de «décharger au mieux» les collaborateurs. À l'hôpital cantonal de Saint-Gall, les interventions électives seront réduites d'au moins 25 pour cent.
La vague Omicron risque de surcharger tout le système de santé, pas uniquement les hôpitaux. Michael Ganz, président de l'association argovienne d'aide et de soins à domicile, déclare: «les organisations d'aide et de soins à domicile doivent se préparer au pire des scénarios». Si des pénuries massives de personnel devaient survenir, l'offre devra être réduite, selon lui. Les services d'aide à domicile pourraient être réduits ou la fréquence des visites diminuée, «si cela est médicalement justifiable».
2. Les écoles
Simon Stadler est conseiller national du Centre et voltigeur. En tant qu'enseignant primaire, il intervient lorsqu'une école a besoin d'un remplacement. «Ces derniers jours, le téléphone a sonné plus d'une fois chez moi parce que des enseignants devaient être mis en quarantaine ou isolés», explique-t-il. Selon lui, la situation est tendue à Uri, le canton où il réside. «Il y a le feu dans les écoles. Les enseignants, les parents et les enfants doivent faire preuve de beaucoup de flexibilité».
Son collègue de parti Stefan Müller-Altermatt le ressent également. Il est président de la commune de Herbetswil SO, un village de 600 âmes. Dans les écoles, le homeschooling peut pallier un certain temps les absences dues aux quarantaines, mais uniquement jusqu'à un certain point. «On se sent un peu impuissant», nous confie-t-il.
Que faire de plus? Marina Jamnicki, médecin cantonale des Grisons, déclarait mardi aux médias que certains cantons se préparaient à enseigner à distance ou à prolonger les vacances de ski. Notre enquête menée auprès des cantons montre toutefois que la plupart d'entre eux souhaitent rester le plus longtemps possible dans le cadre de l'enseignement présentiel. La prolongation des vacances n'est pratiquement pas à l'ordre du jour.
3. Les infrastructures de base
De nombreux collaborateurs en quarantaine et de fortes chutes de neige pendant plusieurs jours? C'est le scénario d'horreur de Reto Zurbuchen, directeur de l'Office des ponts et chaussées du canton de Berne. «Si un tel cas de figure devait se produire, nous devrons nous concentrer sur le déneigement des voies de circulation des transports publics et des axes d'urgence, comme les accès aux hôpitaux», explique-t-il. Ce n'est que lundi que le concept de protection existant a été renforcé. «Les équipes des différentes bases de nettoyage des rues travailleront en poste».
Energie Wasser Bern (EWB) a de son côté constitué «des équipes avec les collaborateurs importants pour le système, séparées physiquement afin qu'elles ne se contaminent pas mutuellement, dans la mesure du possible», explique la porte-parole Sabine Krähenbühl. En outre, les collaborateurs pourront ramener leur véhicule de service à la maison pour éviter de se contaminer dans les transports publics. L'alimentation en électricité, en gaz et en eau potable doivent pouvoir être garanties malgré Omicron.
Pour l'instant, les ordures ménagères de la ville de Berne sont ramassées sans anicroche. Seul un collaborateur sur 140 manque à l'appel parce qu'il se trouve en isolement. Si les absences ne dépassent pas dix pour cent du personnel, les prestations pourront être garanties normalement, explique Christian Jordi, chef de Entsorgung + Recycling Bern. En cas d'absence de plus de 50 pour cent, il faudra réduire le nombre de ramassages d'ordures par semaine.
4. Les hôtels et la restauration
En réduisant la durée de l'isolement et de la quarantaine à cinq jours, le Conseil fédéral donne un peu d'air aux établissements gastronomiques et à l'hôtellerie. Le président d'Hotelleriesuisse Grisons, Ernst «Aschi» Wyrsch, se dit «heureux». «Vu le nombre de cas attendus, notre service se serait effondré», dit-il. La vague qui s'annonce pourrait malgré tout pousser l'hôtellerie-restauration à nouveau à ses limites. C'est pourquoi le président d'Hotelleriesuisse Andreas Züllig demande à ce que «l'obligation de mise en quarantaine des personnes ne présentant pas de symptômes doit être totalement supprimée».
5. Le commerce de détail
Les magasins vont-ils devoir fermer? Devrons-nous accumuler des réserves en prévision d'une telle éventualité? Non, rassure-t-on chez Coop et Migros. La directrice de la Swiss Retail Federation, Dagmar Jenni, affirme elle aussi que les magasins sont préparés à la vague Omicron: «les stocks sont remplis, notamment en ce qui concerne les besoins de base». Les absences de personnel seraient compensées par des intérim, des plans de rotation ont déjà été mis en place pour le personnel spécialisé critique afin d'éviter les absences et les contacts. «Dans le pire des cas, nous réduirons sporadiquement les heures d'ouverture des magasins», précise Jenni.