Vous êtes encore en maillot de bain à lézarder au bord de l’eau et on vous parle déjà de Noël — enfin, si on oublie Halloween. Ça vous saoule? Mais c’est peut-être pour vous donner une bonne nouvelle: vous n’aurez peut-être pas à subir les vitrines de Noël illuminées dans les rues commerçantes dès le mois d’octobre. Et les traditionnels «il me semble que c’est chaque année plus tôt» qui vont avec.
La pénurie d’électricité guette. Le Conseil fédéral s’y prépare et fait déjà de la prévention. Chacun devra faire sa part. Celles et ceux qui chaufferont trop leur salon pourraient même risquer la prison. Devrons-nous fêter le petit Jésus à la bougie? Va-t-on tuer la féerie des Fêtes? Coop plonge d’ores et déjà toutes ses succursales — y compris celles de ses filiales comme Jumbo ou Fust — dans le noir dès la fermeture et baisse la température de deux degrés. Surtout, la chaîne renonce à ses éclairages de saison.
Pour soutenir le commerce local et notre moral?
Migros aussi. Manor n’installera rien du genre sur les façades extérieures de ses 59 grands magasins, répond son service de presse, questionné par Blick. «Le poste des illuminations de Noël ne représente pas le poste le plus énergivore, il est toutefois important d’aller dans le sens des recommandations du Conseil fédéral», développe Claire Freudenberger. Des mesures supplémentaires devraient être prises «dans les semaines à venir». Voire d’autres encore, si le gouvernement devait serrer la vis.
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Le visage des cités durant les mois sombres dépendra beaucoup de l’évolution de la situation et des décisions des autorités fédérales et cantonales. Dont vont dépendre les villes. Il faudra ménager la chèvre et le chou. «Pour l’instant, il n’est pas prévu d’annuler les illuminations de Noël au centre-ville, glisse Mauro Moruzzi, conseiller communal neuchâtelois (exécutif). Une pesée d’intérêts doit être menée entre d’une part le besoin d’épargner l’électricité et de l’autre, la volonté de soutenir le commerce local pendant la période de l’Avent, mais aussi le moral de la population pendant la période des Fêtes.»
Ces décorations? 0,003% de la consommation annuelle
Le vert’libéral précise encore: «Il faut savoir cependant que la consommation des guirlandes lumineuses, entièrement en LED, est très faible, et presque entièrement compensée par la baisse d’intensité de l’éclairage public. Dans tous les cas, le dispositif sera sans doute réduit et éteint la nuit.» Mais ce n’est pas tout. «La Ville met en place un programme d’extinction partielle ou totale dans les quartiers, rappelle-t-il. Ces extinctions, qui ont commencé en mai de cette année, sont mises en place graduellement, rue par rue et leur mise en œuvre a été fortement accélérée cet été, en lien avec le risque de pénurie.»
Genève, Fribourg et Lausanne sont en pleine réflexion. Au bout du Léman, une task force vient d’être créée. Au bord de la Sarine, l’exécutif se positionnera «prochainement». La capitale olympique, elle, annoncera sa décision d’ici à mi-septembre.
«Nous sommes en train de réunir des chiffres précis pour mesurer l’efficacité de chaque mesure envisagée, étaye Xavier Company, municipal vert en charge des Services industriels (SIL). Si les éclairages de Noël ne consomment pas grand-chose, est-ce que ça vaut la peine d’en réduire la taille ou de les annuler? Ou vaut-il mieux laisser la population vivre ce moment joyeux?» Selon les chiffres de son administration, les décorations posées par les SIL représentent moins de 0,003% de l’électricité globale consommée annuellement à Lausanne et l’équivalent de six ménages de quatre personnes en un an (18’000 kWh en tout).
Cinq minutes de lumière par heure au Lausanne Palace
Quant aux projections XXL du festival Lausanne Lumières, cofinancé par la Commune, une réflexion sera menée avec la société Grand Chelem SA, qui l’organise. Quoi qu’il en soit, un autre bâtiment emblématique sera moins brillant fin 2022: le Lausanne Palace, qui revêt traditionnellement un immense nœud rouge pour agrémenter son habit de lumière(s).
«Nous allons à nouveau proposer de magnifiques illuminations de Noël, mais de manière non permanente, glisse à Blick Isabelle von Burg, sa directrice. Il s’agira d’une animation qui ne durera que cinq minutes par heure, et seulement entre 17h et 1h.» Egalement dans le giron de la Fondation Sandoz, le Beau-Rivage Palace, sis à Ouchy, proposera une ambiance très XIXe siècle, avec des bougies, mais aussi des lanternes photovoltaïques. L'année 2022 marquera-t-elle la fin de l’opulence et de la folie consommatrice de l’Avent?