Pascal Couchepin à l'attaque
«Le PS et l'UDC nuisent à la culture politique du pays»

Le PLR figure parmi les perdants des élections parlementaires. Mais cela n'est pas dû aux membres de son parti, souligne l'ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin. Il passe à l'attaque.
Publié: 30.10.2023 à 05:56 heures
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Dernière mise à jour: 30.10.2023 à 07:04 heures
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Pascal Couchepin dans sa maison de Martigny: «Plus de discipline et de polémique ont peut-être conduit à de meilleurs résultats.»
Photo: Philippe Rossier
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Peter Aeschlimann

Pascal Couchepin, les Vert-e-s veulent ravir un des deux sièges du Conseil fédéral au PLR. Cela vous inquiète-t-il?
C'est une mission suicide qui ne vaut guère la peine d'être évoquée. Cette stratégie est totalement déconnectée de la réalité. Où les Vert-e-s veulent-ils trouver les voix nécessaires au Parlement?

Votre parti a 14,3% de parts électorales, les Vert-e-s à peine moins de 10%. Leurs prétentions ne sont-elles pas justifiées?
Nous avons perdu un siège au Conseil national, les Verts cinq. Et leurs cousins des Vert'libéraux en ont même perdu six. Comment peut-on faire une telle annonce dans cette situation, je ne le comprends pas.

A propos de calculs: qu'est-ce qui vous est passé par la tête lorsque vous avez appris l'erreur de calcul de l'Office fédéral de la statistique?
J'étais justement à un déjeuner avec d'anciens conseillers fédéraux, la nouvelle nous a été servie quasiment au dessert. La plupart d'entre eux ont souri.

Vous voulez dire de jubilation?
Bien sûr, cette erreur est gênante. Notamment pour vous, les journalistes! Un événement historique a été évoqué: un bouleversement de la politique suisse. Quelques jours plus tard, l'annonce d'une erreur annule la révolution – jusqu'à la prochaine fois. 

Votre critique des médias est honorable, mais ne sont-ce pas des fonctionnaires de la Confédération qui sont responsables de cette erreur?
L'Office fédéral de la statistique se trouve à Neuchâtel, donc assez loin de la Berne fédérale. Des scientifiques indépendants y travaillent et n'aiment pas qu'on leur dise quoi faire. Il s'avère désormais qu'un peu plus de surveillance ne ferait pas de mal.

Même les chiffres corrigés n'aident pas le PLR. Depuis 2019, il a perdu près d'1%. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné?
Les deux partis polaires dirigés au cordeau, le PS et l'UDC, nuisent à la culture libérale qui a toujours caractérisé ce pays. Si nous devenons de plus en plus extrêmes, c'est notre démocratie directe qui en pâtit. Pour les radicaux, la question est de savoir s'ils veulent à l'avenir faire campagne avec les mêmes méthodes. Plus de discipline et de polémiques conduiraient peut-être à de meilleurs résultats. Mais le PLR serait-il encore un parti libéral?

Les membres de l'UDC reçoivent toujours leurs ordres de Herrliberg.
Je ne m'y connais pas trop en géographie.

L'objectif du président du PLR Thierry Burkart était de conquérir davantage de sièges au Parlement et de dépasser le PS. Il a échoué sur sa promesse. Est-il encore pour vous l'homme qu'il faut à la tête du parti?
Thierry Burkart jouit de la confiance des gens qui le côtoient au quotidien. En Argovie, il a été réélu au Conseil des Etats avec un brillant succès, alors que l'UDC est majoritaire dans ce canton. Cela montre qu'il est l'homme de la situation. J'espère qu'il continuera.

Vous embellissez ces élections. Au Conseil national, le PLR aura désormais un siège de moins que le centre.
Le PDC jouissait d'une grande tradition et représentait certains contenus qui lui étaient spécifiques. Tout cela a disparu. Il ne reste plus qu'un groupe qui veut jouer les médiateurs. Avez-vous déjà vu des gens applaudir l'arbitre lors d'un match de football? Cette attitude n'a pas d'avenir. Le président du Centre Gerhard Pfister est un rhétoricien doué. Ce qu'il dit est toujours intelligent, jamais stupide. Mais sur le fond, il est toujours très vague.

Cela semble être une recette à succès répandue en politique: nommer les problèmes, mais ne pas présenter de solutions.
Exactement! Regardez donc l'initiative du Centre sur le frein aux coûts. Elle stipule que si les coûts de la santé deviennent trop élevés, la Confédération doit prendre des mesures. Mais lesquelles? Elles sont connues, nous dit-on toujours. En tant que citoyen, je réponds alors que n'importe qui peut le dire, mais pas les politiciens!

L'UDC pousse ce principe à l'extrême.
Je suis toujours surpris que leur propagande soit efficace. L'UDC dresse une liste de problèmes. Ceux qui n'en veulent pas votent pour l'UDC. Vous cherchez en vain des solutions à ces problèmes. Autrefois, les électeurs auraient ri, maintenant ils sont à l'écoute. Cela devrait nous faire réfléchir.

Au Conseil des États, la situation n'est pas rose pour vous. Les candidats du PLR se désistent à tour de bras au deuxième tour. Une capitulation devant l'UDC?
Je le regrette. A Soleure, on aurait pu s'en sortir, mais c'est aux candidats de décider. Au Tessin, il y a encore de l'espoir, dans le canton de Vaud et à Fribourg, les choses se présentent bien.

Et dans votre canton d'origine, le Valais?
Notre candidat Philippe Nantermod a dit que c'était comme un match de football entre le Liechtenstein et l'Espagne. S'il y a ne serait-ce qu'une petite chance de sortir vainqueur, on se présente. Les radicaux ont tout à fait raison de croire en cette chance. Heureusement, dans une démocratie, l'issue d'une élection n'est pas connue d'avance.

Vous comparez vraiment le PLR à un nain de football?

Seulement dans le canton du Valais! En Suisse primitive, nous sommes bien représentés. Nous avons des problèmes dans les endroits où les radicaux étaient traditionnellement forts. A Berne par exemple, mais aussi à Zurich.

A quoi cela est-il dû?
Autrefois, c'était simple: les bourgeois votaient PLR. Maintenant, il y a l'UDC, qui n'est pas un parti libéral, mais un parti conservateur et probablement aussi démocratique.

On a l'impression que votre parti laisse le champ libre à cette UDC.
Combien de sièges l'UDC a-t-elle au Conseil des États? Sept, peut-être bientôt huit. Pour une gagnante des élections avec près de 30% de l'électorat, ce n'est pas encore un grand succès.

Le PLR est le parti fondateur de l'Etat. Cette tendance à la baisse dure depuis 30 ans. Il est bien possible que dans quelques années, le Centre le dépasse effectivement.
Je prie Dieu de ne plus avoir à vivre cette débâcle. Mais ce n'est pas le plus important. Ce qui l'est, c'est la manière dont nous allons résoudre les problèmes de ce pays. L'UDC et le PS ne le feront pas.

Pour finir, un autre sujet: le PLR veut que nous travaillions tous plus longtemps. Allez-vous approuver l'initiative sur les retraites sur laquelle nous voterons en mars?
Il est tout à fait logique de lier l'âge de la retraite à l'espérance de vie. Sinon, un jour, le compte n'y sera plus. Il y a deux semaines, le conseiller d'Etat valaisan PS Mathias Reynard a engagé une femme expérimentée pour lutter contre la traite des êtres humains. Gabrielle Nanchen a un an de moins que moi. Cela fait naître en moi l'espoir que le PS se rallie finalement à notre ligne. Mais il ne faut pas exagérer.

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