L'époque où l'on pouvait acheter son billet directement auprès du chauffeur de car postal, dans le bus, avec une simple poignée de pièces de monnaie est révolue. Depuis lundi, c'en est fini de la vente de billets dans les cars postaux, dans un premier temps sur la ligne Winterthour-Elgg, dans le canton de Zurich.
Dans un second temps, CarPostal SA prévoit d'abandonner la vente de billets dans le véhicule sur 180 autres lignes de cars postaux dans toute la Suisse à l'été 2025. D'ici à 2035, elle n'acceptera plus d'argent liquide sur toutes les lignes. Pour se justifier, l'entreprise fait valoir des raisons d'exploitation, des appareils de vente obsolètes et une baisse de la demande.
Cette décision suscite le mécontentement des séniors. «La Poste tente une fois de plus de réduire ses prestations à court terme, de manière irréfléchie et effrontée. Des groupes entiers de la population sont ainsi à nouveau visés», critique Rudolf Joder, président de l'Association suisse des aînés (SVS) et ancien conseiller national bernois de l'Union démocratique du centre (UDC).
Les seniors veulent intervenir au plus haut niveau
Bien décidés à ne pas se laisser faire, les seniors ne veulent pas accepter un démantèlement du service public dans le domaine des transports de la Poste. La SVS s'opposera donc résolument au projet de la Poste et le combattra sur le plan politique. En effet, le comportement du géant jaune est contraire à différents principes de la Constitution fédérale et démontre le manque de surveillance du Conseil fédéral, explique Rudolf Joder pour justifier sa décision.
Dans une requête adressée au Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication du conseiller fédéral Albert Rösti, l'association des seniors demande au gouvernement fédéral de stopper le projet. La SVS interviendra également auprès de la Poste elle-même. De plus, elle veut exercer une influence par voie parlementaire afin d'obtenir l'abandon rapide du projet de la Poste.
«La tâche principale de CarPostal SA, en tant qu'entreprise publique à 100%, est de permettre et d'assurer l'accès aux transports publics de voyageurs à toutes les catégories de la population. Cela vaut aussi pour les personnes âgées, les handicapés et les enfants qui ne disposent pas de smartphone, n'ont pas les moyens de s'en offrir un ou ont des difficultés à l'utiliser», poursuit Rudolf Joder.
«Ça ne va pas du tout»
Il estime en outre qu'il doit être possible à l'avenir de voyager de manière anonyme, sans enregistrement ni surveillance électronique. En Suisse, l'argent liquide est un moyen de paiement légal qui ne doit pas être supprimé par une entreprise fédérale.
Un sondage réalisé auprès des lecteurs de Blick montre également que Rudolph Joder et son association ont touché juste avec leurs revendications. Sur plus de 12'000 lectrices et lecteurs qui y ont participé, près de 80% estiment vouloir continuer à payer en espèce dans le bus. Seuls 16% approuvent la stratégie numérique avancée de CarPostal SA. Les autres n'ont pas d'avis.
«Ce n'est pas convivial», écrit une lectrice. Pour elle, cela revient à être discriminé si on ne possède pas de smartphone. C'est contraire à la loi. Une autre lectrice demande: «Et si je ne peux pas m'offrir un smartphone? Dois-je courir après le car postal?»