Pas de pluie depuis janvier
Au Tessin, la sécheresse pourrait être encore pire cette année qu'en 2022

Durant l'hiver, les précipitations ont été rares dans le sud du Tessin. La neige manque. Dans le Mendrisiotto, la nappe phréatique est descendue à un niveau record. Pour éviter une nouvelle «sécheresse du siècle», il faudrait qu'il pleuve au moins... 30 jours d'affilée.
Publié: 01.03.2023 à 15:43 heures
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Dernière mise à jour: 02.03.2023 à 18:33 heures
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La sécheresse continue de sévir dans le Mendrisiotto. Après une sécheresse historique l'année dernière, la situation risque d'être pire encore en 2023.
Photo: keystone-sda.ch
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Myrte Müller

L'agriculteur Andrea Zanini est désemparé face à son champ. Le sol est sec et parsemé de fines fissures. La terre grise coule comme de la poudre entre ses doigts. «C'est la première fois que je sème du trèfle doux de Sardaigne, explique-t-il. Il pousse même en cas de grande sécheresse. Mais il ne supporte pas le gel.» Or, certaines nuits, les températures ont été négatives à Novazzano, dans le sud du Tessin. Le trèfle semble mort. «La récolte n'aura pas lieu», soupire le Tessinois en hochant la tête d'un air déçu.

Son champ de blé est également source d'inquiétude. «Il est déjà jaune en février. Pourtant, le blé est censé résister à l'hiver», explique Andrea. Selon l'agriculteur, le problème viendrait de la nappe phréatique: «En temps normal, elle atteint ce niveau au mois de juillet. Je ne l'ai jamais vue aussi basse en hiver!» Et d'ajouter: «2021 était déjà une mauvaise année, 2022 a été catastrophique. Et maintenant, une nouvelle 'sécheresse du siècle' menace. Je ne sais pas comment cela va continuer.»

La production de maïs a baissé de 90% en 2022

Andrea possède 30 hectares de terres et cultive le plus souvent des plantes herbacées et du maïs. Dès 2022, la production de fourrage à base de maïs a diminué de 90%. L'agriculteur n'a récolté que 20% du foin. Cela ne suffisait même pas à nourrir son propre bétail. «Nous avons vendu presque toutes nos vaches mères», explique-t-il. Son fils ne veut pas reprendre l'exploitation et travaille actuellement comme chauffeur de camion.

L'agriculteur suit avec impatience les prévisions météorologiques. «On y annonçait de la pluie pour ces jours-ci, mais il n'est pas tombé plus de quelques gouttes, dit-il. Je ne suis pas Nostradamus, mais 2023 pourrait même être pire que l'année précédente.» Selon MétéoSuisse, il faudrait 30 à 35 jours de pluie continue pour combler le déficit. Mais les précipitations ne sont pas en vue. L'agriculteur souligne d'ailleurs une autre problématique: les sécheresses n'étant désormais plus un événement exceptionnel, les assurances pourraient refuser de couvrir les futurs dommages.

Interdiction absolue de faire du feu en plein air

Plus au sud, au-delà de la frontière suisse, c'est le niveau du fleuve Pô qui alerte. Par endroits, le fleuve n'a plus que la moitié de sa largeur et se fraie un chemin à travers des bancs de sable émergents entre des rives desséchées. Dans le nord de l'Italie également, il a plu deux fois moins depuis début janvier 2022 que les années précédentes. Les récoltes de blé et de riz sont menacées. Depuis 14 mois, le niveau d'eau du lac Majeur, qui alimente le Pô, est inférieur à la moyenne. Si la sécheresse devait se poursuivre, un nouveau conflit entre le sud de la Suisse et le nord de l'Italie est inévitable. En 2022, les Italiens avaient en effet exigé que les Tessinois ouvrent leurs barrages pour remplir le lac. Mais les barrages suisses n'étaient remplis qu'à 30% en raison de la sécheresse, rapporte l'Office fédéral de l'énergie (OFEN).

Finalement, les pompiers ont des soucis d'un tout autre ordre. Depuis le 3 février 2023, une interdiction absolue de faire du feu en plein air est en vigueur au Tessin et dans le sud des Grisons en raison d'un risque important d'incendie de forêt. «Les trois quarts des incendies sont provoqués par l'homme», explique Nicola Calanca, de l'Office cantonal des catastrophes naturelles. «Les feux ouverts à proximité de la forêt ou de la végétation sèche, l'utilisation d'appareils produisant des étincelles, les barbecues ainsi que le brûlage de déchets verts ou l'élimination des cendres de poêles et de cheminées en plein air sont strictement interdits», précise-t-il.

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