Ouverture d'une ambassade
Au Vatican, la neutralité suisse est comprise

La neutralité suisse est sous pression en Occident. Le Vatican, en revanche, fait preuve d'une grande compréhension, estime le conseiller fédéral Ignazio Cassis.
Publié: 24.04.2023 à 08:12 heures
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Le conseiller fédéral Ignazio Cassis dans la cour d'honneur de la Garde suisse, à droite l'ambassadeur Denis Knobel, à gauche le cardinal Pietro Parolin.
Photo: Agenzia Romano Siciliani
Raphael Rauch

Travailler là où d’autres passent leurs vacances: cela vaut tout particulièrement pour la nouvelle ambassade de Suisse au Vatican. Les locaux de l’instance diplomatique sont situés à sept minutes à pied de la résidence du pape. L’édifice accueille également le Sénégal. Et si l’on monte à son sommet, on atterrit dans des chambres d’hôtes que l’on peut louer.

La Suisse est aussi en location au Vatican. Le bâtiment appartient au dicastère pour l’évangélisation. L’autorité du Vatican s’appelait autrefois «Propaganda Fide», propagation de la foi. Chaque année, notre pays verse au Vatican un loyer de 54’000 euros pour les lieux.

Pour le conseiller fédéral Ignazio Cassis, c’est un rendez-vous important. Aussi bien en tant que conseiller fédéral, que Tessinois, mais aussi que catholique. La dernière ambassade qu’il a ouverte est celle de Minsk (en 2020).

La neutralité suisse sous pression

La diplomatie du Saint-Siège présente de grandes similitudes avec la neutralité suisse. Ignazio Cassis a cité le pape François jeudi, lors de l’ouverture de l’ambassade. Ce dernier a récemment déclaré dans une interview à la télévision tessinoise que la neutralité suisse n’était «pas de l’eau distillée, pas un lavage de mains permanent».

Que veut dire le pape par là? «Quelque chose de très positif», répond le spécialiste de la diplomatie Jörg Ernesti. Certes, la politique étrangère du Vatican parle plutôt d’impartialité que de neutralité. En fin de compte, la Suisse et le Saint-Siège poursuivent une stratégie diplomatique similaire: «Le pape est au-dessus des partis, car il se considère comme une voix morale. Mais il n’est pas neutre lorsque les droits de l’homme sont violés. Et il s’efforce de trouver un équilibre et une médiation».

Contrairement à la diplomatie du Saint-Siège, la diplomatie suisse est sous pression. Ce sont surtout les pays membres de l’OTAN qui trouvent que la Confédération n’en fait pas assez pour l’Ukraine. L’ambassadeur ukrainien auprès du Saint-Siège, Andrii Yurash, voit lui aussi d’un œil critique la politique de la Suisse. Par exemple en ce qui concerne le matériel de guerre pour l’Ukraine, que Berlin ne peut pas livrer à cause de Berne. Ou dans le cas de la taskforce des oligarques, dont la Suisse ne veut pas être membre.

La neutralité ne fait pas l’unanimité

Le pape est-il le seul à comprendre la Suisse? «La plupart des pays de ce monde, y compris les pays occidentaux, comprennent parfaitement la neutralité de la Suisse», affirme le conseiller fédéral Ignazio Cassis.

Celui-ci trouve également des oreilles compréhensives auprès du ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani. Ce dernier est clair: le monde a besoin de pays neutres comme la Suisse pour résoudre les conflits.

Tout cela n’est pas une surprise pour le conseiller fédéral. Selon lui, il y a une double réalité: «une réalité médiatique et une réalité diplomatique». Dans la réalité diplomatique, il est clair que «le caractère unique de la Suisse est dans l’intérêt du monde et de la communauté mondiale».


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