Le week-end dernier, la Station ornithologique suisse à Sempach, dans le canton de Lucerne, a enregistré une nette augmentation des mouvements aériens. Le radar installé sur le toit de la station capte 24 heures sur 24 les mouvements des oiseaux. Environ deux tiers des migrateurs se déplacent la nuit, ils passent donc souvent inaperçus à l'œil nu mais sont enregistrés par le radar.
De plus, comme le montrent les données du site «ornitho.ch», des nuées importantes d'étourneaux ont été observées à plusieurs endroits en Suisse, notamment au Neeracherried dans le canton de Zurich.
Un calendrier spécifique
Les différents oiseaux migrateurs suivent un calendrier précis. Si tôt dans l'année, ce sont surtout ceux qui ont passé l'hiver dans le bassin méditerranéen qui sont sur le chemin du retour. L'étourneau sansonnet et la bergeronnette grise annoncent le début du printemps, tandis que les martinets noirs et les rossignols ne reviennent que dans les derniers jours d'avril.
Mais tous les individus d'une même espèce n'arrivent pas en même temps sur leur lieu de nidification. Chez les hirondelles rustiques, par exemple, les premiers individus sont généralement observés en Suisse vers le 20 mars, les derniers seulement à la fin mai. Finalement, une hirondelle ne fait pas le printemps, comme le dit le proverbe. Chez de nombreuses espèces, les mâles arrivent plusieurs jours avant les femelles afin d'occuper un bon site de nidification.
Selon la Station ornithologique, la météo peut certes décaler cet horaire de quelques jours, mais elle ne peut pas le modifier fondamentalement. Pour la plupart des espèces d'oiseaux, le moment du retour est déterminé par une horloge interne ancrée dans les gènes. Celle-ci s'oriente en fonction de la durée du jour.
Programme déréglé par le climat
A un moment donné, des hormones sont activées, ce qui rend les oiseaux agités. Dans le monde spécialisé, on parle d'agitation migratoire. Celle-ci a été observée chez des oiseaux migrateurs détenus en captivité, qui deviennent soudainement agités.
Cette forte horloge interne devient de plus en plus problématique. En effet, en raison du réchauffement climatique, le printemps commence chaque année plus tôt en Europe. Selon les observations, de nombreux oiseaux migrateurs ont donc légèrement adapté leur calendrier au cours des 30 dernières années.
Cette adaptation est toutefois trop lente pour de nombreuses espèces, qui passent ainsi à côté des meilleures conditions pour leur période de reproduction. Pour certaines espèces, il a été prouvé qu'elles ont ainsi moins de petits ou les nourrissent moins bien.