Oppositions à une place de tir au Simplon
L'armée désespère face à des propriétaires de chalets obstinés

Depuis 2019, Viola Amherd tente d'agrandir la place de tir du col du Simplon. Mais jusqu'à présent, c'est un échec. En effet, les propriétaires des chalets situés à proximité se défendent bec et ongles. Avec succès. De nouvelles adaptations changeront-elles la donne?
Publié: 13.11.2024 à 14:21 heures
1/8
Depuis 2019, l'armée tente d'agrandir son champ de tir sur le Simplon.
Photo: armasuisse/Swiss Interactive AG
RMS_Portrait_AUTOR_814.JPG
Martin Meul

Depuis un siècle, le col du Simplon en Valais constitue un site stratégique pour l’armée suisse. Cette place de tir permet aux soldats de s'entrainer avec des calibres légers et lourds. Face à la recrudescence des guerres dans le monde et à l'obsolescence de l’infrastructure, des travaux doivent être entrepris. L'armée souligne à chaque occasion l'importance de cette place de tir nichée dans les montagnes valaisannes. Ce site est jugé essentiel car il permet de tester des tirs d'artillerie sur de longues distances, une spécificité rare en Suisse.

Depuis 2019, Viola Amherd, cheffe du Département fédéral de la Défense (DDPS), pousse pour un projet de modernisation, évalué à 30 millions de francs.

Mais quelques propriétaires de chalets rendent la vie difficile, très difficile, à la ministre de la Défense depuis cinq ans. «Nous continuons à surveiller l'armée de très près», déclare Adrian Balmer, l'un des propriétaires récalcitrants. Ce Lucernois passe depuis des années ses vacances dans ce hameau et profite de l'environnement montagnard du Simplon. Il ne s'agit pas pour lui de faire un pied de nez «de principe» à l'armée, mais d'empêcher «la destruction d'un paysage et d'une nature uniques et totalement intacts».

Cinq ans et toujours des modifications

En 2019, la première tentative d'extension proposée par le DDPS comprend, comme pièce maîtresse, une piste circulaire sur laquelle les obusiers blindés et les mortiers 16 puissent s'exercer aux manœuvres de conduite et au tir. Juste à côté de la maison Barral, le bâtiment le plus important du col. Mais le projet tourne au vinaigre.

Les oppositions pleuvent, une trentaine au total. Elles émanent d'associations environnementales et de propriétaires de chalets du hameau de Gampisch, situés juste à côté de la future piste de chars. En 2022, face aux protestations, l’armée renonce à cette piste et opte pour une route avec des stands de tir depuis lesquels les obusiers pourraient tirer. Un succès pour les propriétaires de chalets comme Adrian Balmer. La variante comprenant les plateformes de tir est une atteinte beaucoup plus faible au paysage et devrait également produire moins de bruit. Pourtant, lui et ses camarades sont loin d'être satisfaits. Dans le cadre d'une procédure de participation, ils demandent de nouvelles adaptations au projet.

En réponse, l’armée annonce en août qu’elle déplacera un bâtiment opérationnel, initialement prévu près du hameau, vers le sommet du col du Simplon. Cette mesure doit également servir à protéger le paysage, car le sommet du col est déjà fortement construit et un héliport controversé doit être déplacé de quelques mètres afin de réduire les nuisances sonores. Ce mercredi, l'armée veut présenter le nouveau projet au public et surtout aux propriétaires de Gampisch, espérant faire taire les critiques une bonne fois pour toutes.

Probablement pas de percée

Mais les chances que cela soit le cas sont plutôt minces. Les propriétaires de chalets pensent avoir flairé une embrouille. «Toutes ces modifications montrent que l'armée a une marge de manœuvre dans le projet. D'abord, on a toujours dit que la piste de chars était essentielle, maintenant, on peut quand même s'en passer», dit Adrian Balmer, qui poursuit: «La tactique semble être d'aller de l'avant avec des exigences maximales et de céder ensuite petit à petit.»

Adrian Balmer salue certes les adaptations faites par l'armée, mais le gros morceau est toujours là. Le bruit! Selon lui, l'extension de l'infrastructure entraînera de facto une augmentation du bruit dû aux tirs, ce que lui et les autres propriétaires de chalets rejettent. Ils demandent à l'armée de trouver des solutions.

Une grande partie de la réunion d'information de mercredi sera d'ailleurs consacrée à ce sujet. Mais Adrian Balmer déclare: «Même si l'armée veut offrir des fenêtres antibruit à nos chalets, cela ne résoudra pas le problème, loin de là.» En fin de compte, on veut être assis devant les chalets et non à l'intérieur. «Il y a encore des choses à clarifier», promet-il, adressant ainsi un message clair à l'armée: un passage en force au Simplon est peu probable, même cette fois-ci.

En effet, dès que le projet sera mis à l'enquête publique, les propriétaires pourront à nouveau s'exprimer. Adrian Balmer déclare: «Pour ce nouveau projet, nous examinerons attentivement lesquelles de nos demandes ont été mises en œuvre et nous déciderons ensuite si nous nous opposerons à nouveau.»

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la