Le dos droit et le regard sérieux, Noemi Mlinarevic est assise sur le grand canapé blanc, ses mains reposent souplement sur ses genoux. Le salon est clair et spacieux, sur une large étagère à côté du téléviseur à écran plat se trouvent des photos de famille et toute une série de livres de Jojo Moyes. «Ce sont les livres de ma mère», dit la fillette. De toute évidence, mère et fille partagent le même goût pour la lecture.
Noemi Mlinarevic a les ongles peints en violet, et le violet est aussi la couleur de la couverture du livre qui se trouve sur la table du salon. Le livre s'intitule «La glace éternelle» et est le premier tome d'une série de livres intitulée «The Bat Black Academy» (L'académie noire des chauves-souris). C'est Noemi elle-même qui l'a écrit, à l'âge de onze ans. Elle devrait donc être actuellement la plus jeune autrice de Suisse.
«Das Ewige Eis» («La glace éternelle») est paru en juin aux éditions Books on Demand (BoD). «Il s'agit principalement de magie», explique Noemi, qui a entre-temps atteint ses douze ans. Et de cette école, The Bat Black Academy, dans laquelle l'héroïne Kylie est admise. Il s'agit d'une école de magie, et il s'y passe «des choses très graves». Des enfants disparaissent sans laisser de traces. Personne ne peut dire où ils disparaissent, comme si le vent avait effacé leurs traces. «Kylie et ses amis essaient de les retrouver.»
La créatrice de Harry Potter comme modèle
L'idée de la série de livres «The Black Bat Academy» a été inspirée à Noemi par J. K. Rowling – son autrice préférée – avec les romans de fantasy «Harry Potter». Là aussi, un garçon apparemment normal apprend soudain qu'il a des pouvoirs magiques et se retrouve à Poudlard, une école de sorciers.
Mais Noemi tenait à ce qu'une fille joue le rôle principal dans son histoire magique: «Je trouve que d'habitude, ce sont toujours les garçons qui sont devant.» Elle me montre le dessin avec Kylie et les frères et sœurs Felicitas et Felix, les trois amis magiciens de son livre. Le dessin a été réalisé par la sœur de Noemi, Leonie (13 ans), qui a conçu la couverture du livre.
Alors que de nombreux jeunes de son âge sont collés à leur téléphone portable et font défiler Tiktok, Noemi a écrit 300 pages. «Je n'ai pas de compte sur les réseaux sociaux», explique-t-elle. «J'ai bien un téléphone portable, mais seulement pour écrire à mes amis.» Elle espère que son livre incitera d'autres enfants à lire davantage.
Si Noemi maintient son rythme d'écriture, les enfants germanophones ne devraient pas manquer de lecture de sitôt. Elle prévoit de publier dix volumes au total, et a déjà rédigé les cinq premiers chapitres du deuxième tome. «J'ai tellement d'idées que ma tête exploserait si je ne les écrivais pas tout de suite.»
Un talent d'écrivain aux objectifs clairs
Noemi Mlinarevic sait non seulement quelle sera la suite immédiate de son histoire, mais aussi comment elle se poursuivra au cours des neuf autres tomes et se terminera finalement avec le dixième. «On dit que les cartes mentales aident à planifier, mais je ne trouve pas cela utile du tout», explique l'élève.
Elle a toutefois déjà un petit carnet de notes. Les hobbies de Noemi sont le violon et le volley-ball, mais son plus grand hobby est l'écriture. «Et je voulais devenir la plus jeune écrivaine de Suisse.» Pour elle, l'écriture est un loisir et non une obligation. Elle écrit jusqu'à ce qu'elle ne sache plus quoi écrire, généralement entre cinq et dix pages.
Son talent pour les mots et les phrases lui vient de la lecture qu'elle a apprise en classe de CP. Elle a également suivi des cours d'écriture, par exemple auprès de l'auteure suisse Gabriela Kasperski ou actuellement auprès de Veronika Ederer, pédagogue pour l'encouragement des talents et auteure. Elle est également aidée par des enseignants de l'école Blumenfeld à Zurich-Affoltern et par toute sa famille. «Je fais parfois suivre des passages de texte pour qu'ils les lisent, mais j'ai tout écrit moi-même.»
Inspiration de la famille et de la nature
À la maison, la famille Mlinarevic parle serbe. «Nous avons des racines en Bosnie, en Croatie, au Monténégro, mais aussi et surtout dans les Grisons et à Zurich», explique le père de Noemi, Sasa, 40 ans. Le grand-père de Noemi, Vlado, récemment décédé d'un cancer, était originaire des Grisons et de la partie bosniaque de la République serbe. C'est à lui que la jeune auteure a dédié son premier livre. «J'en ai également fait un personnage de mon livre.» Elle l'a décrit dans son roman pratiquement tel qu'il était en réalité. «C'était un optimiste et il s'est battu jusqu'au bout. Je pense qu'il méritait d'être dans le livre.»
Les nouvelles idées pour ses histoires viennent souvent à Noemi Mlinarevic lorsqu'elle se promène dehors, par exemple dans la forêt: «C'est très inspirant pour moi. A cause de l'odeur, de l'environnement et de tout.» Ensuite, une idée lui vient tout à coup et ne la quitte plus, elle doit alors vite rentrer chez elle et l'écrire. Et que se passe-t-il si elle n'arrive pas à penser à la suite de l'histoire? «Si rien ne me vient à l'esprit, je me mets à la place de la situation», explique Noemi. Elle réfléchit alors à ce qui serait passionnant à ce moment-là: «Qu'est-ce que je ferais si, tout à coup, un serpent géant s'approchait de moi?»
«Que se passe-t-il maintenant?»
Outre des scènes fantaisistes, «La glace éternelle» contient toutefois aussi des éléments autobiographiques. Ainsi, la protagoniste Kylie doit par exemple rester des heures en retenue à l'école, qui n'est pas magique, et écrire péniblement plusieurs rédactions sur la technique. Noemi n'est certes pas collée, mais «les rédactions en nature-humain-société portent sur des sujets concrets. J'aime moins ça». Elle préfère l'allemand, les maths ou le français.
Récemment, Noemi a passé ses vacances d'été en Italie avec sa famille. C'est là que sa mère a lu son livre en entier. «Elle l'a trouvé très bien et m'a demandé tout le temps: «Qu'est-ce qui va se passer maintenant?»