Semaine routière sur Blick. Et de déboires d'automobilistes fribourgeoises: après Véronique*, paniquée par une facture de péage arrivée cinq ans après via une société de recouvrement italienne, c'est au tour de Joséphine* de déchanter au moment d'ouvrir sa boîte aux lettres.
La Gruérienne ne s'est pas rendue en Lombardie et l'en-tête du courrier lui est plus familier: il provient de l'Office cantonal de la Circulation et de la Navigation (OCN). La missive concerne le «bleu» de la sexagénaire, une expression qui va disparaître au plus tard au 31 janvier 2024 — à cette date, tous les anciens permis de conduire devront avoir été remplacés par le format actuel, la fameuse carte rouge.
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Pas toujours accepté à l'étranger
La faute à une évolution législative, l'article 151l al. 6 de l'ordonnance du 27 octobre 1976 réglant l'admission des personnes et des véhicules à la circulation routière (OAC).
Les conducteurs ont tout intérêt à procéder au remplacement. D'autres cantons ont été plus explicites que le courrier de l'OCN fribourgeois: «Après cette date, le permis bleu perdra sa validité, bien que leurs titulaires conservent l'autorisation de conduire. Toutefois, si le permis n'est pas échangé, il se peut que la police interdise la conduite après un contrôle ou qu'elle inflige une amende pour absence du port du permis de conduire», avertissent par exemple les autorités bernoises.
En ajoutant que le permis bleu papier, délivré de 1991 à 2003 en Suisse, provoque parfois des soucis à l'étranger.
Un deuxième changement depuis 1981
Où est le courroux de Joséphine, donc? «Je veux bien qu'on me change mon permis, mais pourquoi nous faire payer le remplacement?», s'irrite la Fribourgeoise. Les 40 francs réclamés pour le nouveau sésame — comme tous les nouveaux conducteurs lorsqu'ils réussissent leur examen — passent mal: «J'ai obtenu mon permis en 1981 à 18 ans et c'est la troisième fois que je dois passer à la caisse», soupire Joséphine.
En plus d'estimer être une «vache à lait», la conductrice de 60 ans trouve un peu fort de café la formulation du courrier, qui présente cette taxe de 35 francs comme un «tarif préférentiel» et une «opportunité à saisir». «N'hésitez pas, profitez-en de suite!», écrit l'OCN. «Ce ne sont certes que 35 ou 40 francs, mais c'est une question de principe, déplore la Gruérienne. Et comme cette mesure va concerner beaucoup de retraités, ce n'est pas une somme anodine pour tout le monde.»
Des arguments qui n'ont pas convaincu l'OCN: Joséphine a beau avoir essayé de plaider sa cause, mais l'Office lui a rappelé que ces 40 francs couvraient la charge administrative pour l'émission de la nouvelle carte. Les cinq francs de ristourne sont, en ce sens, un geste pour faire mieux passer la pilule, a expliqué l'employé à la Fribourgeoise, quitte pour changer de permis. «Le pire, c'est que je ne l'ai sorti de mon porte-monnaie que trois fois pour un contrôle en 42 ans de conduite...»
La décision a été prise par le Conseil fédéral en 2018 déjà. En plus des éventuels soucis à l'étranger, les anciens permis de conduire n'ont plus les bonnes catégories, ce qui «engendre des coûts considérables dans les systèmes de données», argumentait alors le gouvernement. Ils appartiendront donc au patrimoine historique dès le mois de février 2024.
*Noms connus de la rédaction