Objectif: l'adhésion à l'UE
Le PS s'emballe avec des projets européens

Le PS semble avoir trouvé un moyen pour sortir du marasme européen. Mais les réactions à l'intérieur et à l'extérieur du parti fusent. Le plan directeur de la gauche devrait à nouveau mener à une impasse.
Publié: 02.11.2022 à 06:14 heures
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Dernière mise à jour: 02.11.2022 à 09:13 heures
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Le PS a adopté une stratégie européenne lors du congrès du week-end dernier à Bâle.
Photo: keystone-sda.ch
Lea Hartmann

Pleine vitesse vers l’Union européenne! Après plusieurs heures de débat, le PS a adopté ce week-end une stratégie. Sa feuille de route vers Bruxelles prévoit plusieurs étapes intermédiaires. Au bout du compte, l’objectif est déclaré: l’adhésion de la Suisse à l’UE.

Mais on peut douter que ce plan prenne vraiment son envol. Les camarades ne sont pas seulement confrontés à un vent rude de la part des autres partis, mais aussi à l’intérieur du parti, où certains freinent le projet. Cela s’est déjà manifesté lors du congrès du week-end, au cours duquel le PS s’était mis d’accord sur le plan.

«Aussi sexy qu’un porteur de sandales en chaussettes»

La Jeunesse socialiste s’est opposée, en vain, à la feuille de route. «Ce thème est aussi sexy qu’un porteur de sandales en chaussettes», s’est exclamé un des membres. On dit avoir actuellement des soucis plus urgents. Une jeune femme a même qualifié les plans de «mauvaise blague».

L’aile syndicale du PS est, elle aussi, loin d’être enthousiaste. Nous prenons «connaissance» de la feuille de route de l’UE, déclare diplomatiquement le président de Travailsuisse et ancien conseiller national Adrian Wüthrich. Avec ce document, le PS souligne l’importance de la protection des salaires et demande en outre son extension: «Le PS sait que sans protection salariale, la politique européenne n’a aucune chance.» Une invitation et en même temps un avertissement aux camarades.

Et le patron des syndicats Pierre-Yves Maillard a déjà clairement montré par le passé jusqu’où il était prêt à aller avec l’UE: pas un seul centimètre. Le président de l’Union syndicale suisse faisait pourtant lui-même partie du groupe de travail qui a élaboré le document sur l’Europe. Le Vaudois ne s’y est apparemment pas opposé.

Y a-t-il un dénominateur commun?

Le PS veut également emmener tous les autres partis – à l’exception de l’UDC – dans son voyage à Bruxelles. Afin de pouvoir sortir de l’impasse européenne avec une majorité, les socialistes souhaitent faire revivre l’ancienne coalition européenne. Mais chez les éventuels compagnons de voyage, l’envie de monter dans le train du PS semblent limitée.

Tous les partis ne sont pas d’accord avec la destination finale. «En principe, nous sommes toujours ouverts à la discussion», déclare le chef du PLR, Thierry Burkart, en guise d’introduction. Mais «nous ne trouvons pas de dénominateur commun sur la base d’une adhésion à l’UE», nuance-t-il rapidement. Sa collègue de parti et conseillère nationale Petra Gössi qualifie le plan du PS de «blague», tout comme l'avait fait le membre de la Jeunesse socialiste cité plus haut. Pour l’ancienne présidente du parti libéral-radical, il est incompréhensible que les camarades aient été contre l’accord-cadre et pensent maintenant à une adhésion à l’UE.

Le PS doit balayer devant sa porte

La cheffe du groupe parlementaire des Verts-libéraux, Tiana Moser, trouve également le comportement du PS contradictoire et peu crédible. «L’exigence d’une adhésion à l’UE n’apporte rien aux problèmes actuels et est déconnectée de la réalité. Nous avons besoin d’une volonté de compromis et d’une solution pour les questions institutionnelles. Nous pourrons alors trouver des réponses pour la recherche et l’électricité», dit-elle. Dans ce domaine, le PS doit enfin annoncer la couleur.

Le président du Centre, Gerhard Pfister, renvoie également la balle aux socialistes: «Si le PS veut rétablir la coalition européenne, il doit d’abord faire le ménage chez lui.»

Voici à quoi ressemble le plan du PS

Concrètement, la feuille de route socialiste prévoit, dans une première étape, de parvenir à un accord de stabilisation avec l’UE. Dans ce cadre, la Suisse devrait, selon l’idée du parti, se déclarer par exemple prête à accueillir davantage de réfugiés et à augmenter les paiements de cohésion.

L’étape suivante consisterait à négocier un «accord d’association» qui réglerait l’accès au marché de l’Union européenne – ainsi que les questions institutionnelles sur lesquelles il n’a pas été possible de s’entendre jusqu’à présent. Le Parlement doit définir les points essentiels de cet accord dans une loi européenne. Cela devrait ensuite servir de base à l’adhésion finale à l’UE.

Gagner des compagnons de route

Interrogé à ce sujet, le conseiller national PS Jon Pult, qui a dirigé le groupe de travail, défend la feuille de route de son parti pour l’UE. «La seule voie vers une plus grande souveraineté est et reste l’adhésion à l’UE», déclare le vice-président du parti. Mais ce n’est pas la priorité du moment. «A court terme, notre relation avec l’UE doit être stabilisée», estime-t-il. Un avis auquel s’est ralliée dimanche une nette majorité du PS.

Jon Pult souligne que des parties essentielles du plan du PS ont déjà été mises sur les rails au Conseil national et sont en bonne voie. «C’est pourquoi nous croyons qu’il est possible de trouver une majorité de soutien», affirme-t-il. Mais il reste encore beaucoup de travail à la direction des camarades pour trouver des partisans à l’intérieur et à l’extérieur du parti pour ce grand voyage.

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