Désamour des jeunes
Les Suisses très opposés à une adhésion à l'UE

Seule une toute petite minorité des jeunes électeurs, en baisse constante, souhaite une adhésion de la Suisse à l'UE. Selon une étude réalisée après les élections fédérales de 2019 et publiée vendredi, seuls 6,5% des électeurs de 18 à 34 ans y étaient favorables.
Publié: 23.09.2022 à 16:35 heures
L'UE ne fait pas du tout rêver les Suisses.
Photo: ANTHONY ANEX

Ce résultat, diffusé par la radio-télévision alémanique SRF, est celui de l'étude Smartvote menée tous les quatre ans à la sortie des urnes, et pour laquelle 5891 interviews d'électeurs de toute la Suisse ont été décortiquées (sur différents sujets).

Le soutien à l'Union européenne (UE) ne cesse de se réduire au fil des cycles quadriennaux. Après les élections de 1995, 59,2% des jeunes de 18 à 34 ans se prononçaient pour une adhésion. Ils n'étaient plus que 31% en 2007, 9,9% en 2015 et 6,5% en 2019.

Seul un électeur suisse sur sept favorable

Au total, toutes catégories d'âge confondues, seul un électeur suisse sur sept - 15,6% des hommes et 13,4% des femmes - se disaient encore favorables à une adhésion en 2019.

La baisse de soutien concerne toutes les catégories d'âge. Ainsi, seul un senior de 65 ans et plus sur cinq (20,5%) se prononçait pour l'UE en 2019, contre 47,9% en 1999. Chez les 50 à 64 ans, l'adhésion était souhaitée en 2019 par 18,3% des personnes interrogées, et par 11,5% chez les 35 à 49 ans.

En résumé, plus les électeurs sont jeunes, plus ils rejettent aujourd'hui l'idée d'une appartenance à l'UE. C'était très exactement l'inverse en 1995: les jeunes étaient les plus enthousiastes.

Le vent a tourné dans les années 2000

Les électeurs de droite se montrent les plus opposés. Mais ceux de gauche n'étaient pas enthousiastes non plus: 43% des sympathisants socialistes étaient pour l'UE il y a trois ans, et 33% chez les Verts.

Interrogé par SRF sur ce désamour des Suisses, le politologue et géographe Michael Hermann observe qu'il y a trente ans, l'UE était perçue comme un refuge, une forme de «sortie de prison» après la guerre froide (l'expert reprend l'expression de l'écrivain Friedrich Dürrenmatt). Elle représentait l'ouverture».

Le vent a tourné dans les années 2000, «en raison du scepticisme sur la liberté de circulation, de l'attitude de l'UE face aux pays du Sud et grâce au succès des accords bilatéraux», précise Michael Hermann.

L'analyse Smartvote ne dit pas si et comment, depuis le coup d'arrêt aux négociations bilatérales Suisse-UE l'an dernier, l'opinion des électeurs de 2019 a évolué.

(ATS)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la