«Plan pouvoir d'achat»
Le Canton de Vaud va faire baisser ses impôts

Face à l'initiative des milieux économiques qui demandent une baisse d'impôt de 12%, le Conseil d'État vaudois a présenté un «Plan pouvoir d'achat» ce mardi. Il comprend divers allégements fiscaux.
Publié: 24.09.2024 à 12:44 heures
|
Dernière mise à jour: 24.09.2024 à 15:10 heures
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse
Rebecca Ruiz, Christelle Luisier et Valérie Dittli (de gauche à droite) sont venues présenter mardi à la presse leurs mesures pour améliorer le pouvoir d'achat des Vaudois.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Le Conseil d'Etat vaudois a concocté un «Plan pouvoir d'achat», comprenant divers allègements fiscaux et une hausse des allocations familiales. Ce paquet vise à contrer l'initiative des milieux économiques, qui réclament une baisse d'impôts de 12%. Les conseillères d'Etat Christelle Luisier, Rebecca Ruiz et Valérie Dittli sont venues mardi devant la presse pour dire que le gouvernement rejetait «fermement» cette initiative populaire, qui a abouti au printemps 2023. Même si elle peut sembler «séduisante», la proposition est jugée «excessive» pour les comptes de l'Etat, avec un manque à gagner annuel estimé entre 530 et 550 millions de francs.

A la place, le Conseil d'Etat souhaite continuer de réduire progressivement l'impôt cantonal sur le revenu. Après la baisse de 3,5% entrée en vigueur cette année, des réductions annuelles de 0,5% sont prévues jusqu'au terme de la législature en 2027, soit 5% au total. Une diminution de 5% de l'impôt sur la fortune est aussi programmée, là aussi en plusieurs étapes.

Divers allégements sont également prévus en matière de successions et donations, par exemple en relevant les seuils d'impositions pour les descendants directs. Il est aussi prévu d'améliorer la fiscalité lors de la transmission familiale des entreprises. Entre les mesures fiscales déjà prises et celles encore à venir, le Conseil d'Etat a calculé que près d'un milliard de francs (921 millions) retournerait dans le porte-monnaie des Vaudois pour l'ensemble de la période 2023-2027.

La ministre des Finances Valérie Dittli a parlé d'une réforme fiscale «ambitieuse», mais qui reste «absorbable» pour les finances du canton. La grande argentière a aussi annoncé le lancement de travaux pour la refonte des barèmes fiscaux, «un chantier complexe» qui n'aboutira que lors de la prochaine législature.

Allocations familiales en hausse

Sa collègue en charge de la santé et l'action sociale, Rebecca Ruiz, a aussi mis en garde contre l'initiative dite des 12%, dont l'acceptation nécessiterait «une baisse des prestations essentielles» à la population.

Elle a toutefois aussi défendu des mesures permettant d'améliorer le pouvoir d'achat, annonçant ainsi une hausse des allocations familiales. Celles-ci grimperont de 300 à 322 francs par mois et par enfant dès 2025. Pour les jeunes en formation, l'allocation doit passer de 400 à 425 francs.

De son côté, la présidente du Conseil d'Etat, Christelle Luisier, a affirmé que les besoins de la population en matière de pouvoir d'achat avaient été «entendus». Elle a toutefois relevé que le gouvernement devait agir «avec réalisme» et «une ambition raisonnée», alors que le canton a plongé l'an dernier dans les chiffres rouges, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 2004.

Initiative maintenue

Le «Plan pouvoir d'achat» va désormais passer entre les mains du Grand Conseil. Il fait office de contre-projet indirect à l'initiative des 12%, dont les instigateurs n'ont pas tardé mardi à réagir. Ils ont jugé «anecdotiques» les propositions du Conseil d'Etat et annoncé le maintien de leur initiative.

Le gouvernement «ne soulage en rien la charge fiscale des ménages vaudois», ont critiqué dans leur communiqué les trois faîtières à l'origine du texte, la Fédération patronale vaudoise, la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie et la Chambre vaudoise immobilière. Affirmant que l'Etat de Vaud «n'a pas un problème de recettes, mais bel et bien de dépenses», elles estiment que leur initiative reste «le seul instrument capable de soulager les contribuables vaudois».

Du côté politique, la coalition de droite de l'Alliance vaudoise (PLR, UDC et Centre) a dit «saluer et soutenir» ce Plan pouvoir d'achat, qui «concrétise une des principales promesses» de sa campagne lors des élections cantonales 2022. Elle a toutefois indiqué vouloir attendre l'issue des débats au Grand Conseil «pour se prononcer définitivement sur le sort de l’initiative populaire».

La gauche critique

Les partis de gauche, en revanche, ont critiqué les propositions du Conseil d'Etat. Le PS a dénoncé «un assèchement fiscal dangereux pour le devenir des services publics». S'ils se sont réjouis de la hausse des allocations familiales, les socialistes ont estimé que la plupart des autres mesures constituaient «des cadeaux fiscaux injustifiables aux plus fortunés».

De leur côté, les Vert-e-s ont affirmé que ces mesures fiscales profiteront «très peu» à la classe moyenne et entraîneront «inévitablement» des coupes dans les prestations publiques. «L'avenir est lourd de menaces pour le service public et les prestations à la population», ont renchéri Ensemble à gauche et le POP, dénonçant de «nouveaux cadeaux fiscaux aux plus riches».

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la