Ce sont de sombres perspectives pour l'AVS dont la Confédération avait dessiné les contours dans son message sur la réforme de la caisse en question il y a trois ans: sans contre-mesures, le résultat d'exploitation de la caisse AVS risquait d'être négatif de 7,7 milliards de francs en 2030.
Même avec le financement additionnel de l'AVS (FAR) décidé par le peuple, il en résulterait un déficit de 4,6 milliards de francs. Et en 2034, selon les estimations de l'époque, le fonds AVS serait... tout simplement vide.
Le trou se réduit
Bonne surprise: il s'avère que le trou devient de plus en plus petit à mesure que l'on se rapproche de 2030. En effet, lorsque le Parlement s'est penché sur la nouvelle réforme de l'AVS l'année dernière, l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS) prévoyait encore en décembre un déficit de 3,7 milliards pour 2030. Le pot AVS ne contiendrait alors plus que 36 milliards.
Un déficit pareil reste un scénario de film d'horreur pour les partis bourgeois et une raison largement suffisante pour justifier le relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, au grand dam du camp gauche-vert.
Oui, sauf que la Confédération s'est trompée. En décembre, elle ne prévoyait qu'une légère augmentation de 867 millions de francs pour la caisse AVS en 2021, alors que le bénéfice s'est finalement élevé à 2,6 milliards de francs.
Déficit réduit de moitié, fonds en hausse
Mercredi, le ministre des Affaires sociales Alain Berset a présenté de nouveaux calculs sur les perspectives financières de l'AVS lors de son message sur l'initiative pour une 13e rente AVS – que le Conseil fédéral trouve trop chère et rejette.
L'AVS ne va pas aussi mal qu'on le pensait il y a six mois: même sans aucune mesure d'économie, le déficit sera réduit de moitié en 2030 et ne sera plus que de 1,8 milliard de francs. Le fonds de l'AVS s'élèvera à environ 52 milliards de francs – deux milliards de plus qu'actuellement.
Les fonctionnaires d'Alain Berset ont-ils réagi à la critique des syndicats, selon laquelle la Confédération appauvrit l'AVS? L'indice des salaires a par exemple été adapté dans les nouveaux calculs, de sorte que l'on s'attend à des recettes nettement plus élevées.
Mais les nouveaux chiffres n'ont rien à voir avec les critiques des syndicats, explique à Blick le chef de la communication de l'OFAS, Rolf Camenzind. Les perspectives financières ne seraient surtout pas enjolivées en vue de la votation sur l'AVS pour des considérations politiques.
«Pas un problème énorme, mais un problème»
Les calculs s'appuient toujours sur les prévisions les plus récentes de différentes sources externes. Par exemple, celles de l'Office fédéral de la statistique pour l'évolution démographique ou du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) pour la conjoncture. Si le fonds AVS clôture mieux que prévu, cela se répercute positivement sur les années suivantes.
«Si les différents facteurs changent, les perspectives financières changent également», explique Camenzind. Ainsi, le bond actuel a différentes causes. Il précise toutefois: «L'AVS n'a certes plus un problème énorme, mais elle a toujours un problème. La réforme de l'AVS est toujours urgente».
Passe d'armes pour les opposants à la réforme de l'AVS
Pour les opposants à la réforme de l'AVS en revanche, les nouveaux chiffres sont du pain bénit en vue de la votation de septembre. Ainsi, l'Union syndicale suisse s'irrite de «l'incitation systématique à la peur au détriment de la population». Au lieu de s'attaquer à la problématique des rentes AVS trop basses, le Conseil fédéral «se cache derrière la menace qu'une extension de l'AVS ne serait pas abordable», écrit l'USS dans un communiqué.
Elle voit plutôt un potentiel d'extension de l'AVS - justement avec une 13e rente AVS. Et elle sait déjà comment la financer. Depuis cette semaine, l'USS récolte en effet des signatures pour une initiative populaire qui veut qu'une partie des bénéfices de la Banque nationale soit affectée à l'AVS.