A la fin du mois, l'été en alpage prendra fin pour les moutons de Marcus Berther. En plusieurs étapes, les 780 bêtes et leur berger redescendront dans la vallée, à Segnas dans les Grisons.
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Pour Marcus, la désalpe, qui dure environ un mois, est synonyme d'une grosse charge de travail. Comme il croise des chemins de randonnée avec son troupeau de moutons, il faut sans cesse monter et démonter des clôtures afin d'éviter les conflits entre les chiens de protection et les randonneurs ou les cyclistes. Et d'autres clôtures sont nécessaires pour protéger les moutons contre le loup.
Les alpages menacés de disparition
Marcus Berther a engagé deux assistants pour pouvoir mener à bien ce travail. Ces deux dernières années, le salaire de ces bergers auxiliaires a été presque entièrement pris en charge par la Confédération. Mais c'est désormais terminé. Cet été, les autorités fédérales ont adapté les subventions pour les bergers d'alpage. En conséquence, de nombreuses exploitations alpines reçoivent moins d'argent de Berne.
Même s'il s'agit de petits montants, l'enjeu est de taille pour les éleveurs de moutons comme Marcus Berther, déplore-t-il. «Nous, les bergers, sommes à bout». Le Grison est maître d'alpage depuis plus de 20 ans. «Le travail a énormément augmenté ces dernières années», raconte-t-il. Sans bergers auxiliaires, le travail ne serait plus gérable. Conséquence: les bergers abandonneraient et de nombreux alpages disparaîtraient.
Les cantons de montagne prennent le relais
Le paysan est inquiet. Et les cantons émettent eux aussi des critiques. Les autorités grisonnes sont intervenues cette année et ont pris en charge une partie des coûts non couverts pour les bergers auxiliaires. Mais il s'agit d'une «mesure unique», souligne le canton sur demande. Un tiers des exploitations a fait usage de cette mesure.
En Valais aussi, le canton a volé au secours des bergers. Un million de francs a été alloué à cet effet. Le canton compte de nombreux petits alpages qui ne peuvent pas être protégés, explique la responsable valaisanne de la protection des troupeaux Christine Cavalera. En raison de la modification des paiements directs, son existence est en jeu. Car les auxiliaires sont l'un des piliers de la protection des troupeaux: «Elle assure une présence humaine sur les alpages. Cela peut dissuader le loup d'attaquer.»
Le canton du Valais a entrepris des démarches auprès de l'Office fédéral de l'environnement afin de trouver une solution. Un meilleur soutien de la Confédération se justifie également en raison de la pression croissante exercée par le loup, estime Christine Cavalera.
«Nous ne devons pas laisser tomber les paysans»
Les parlementaires font également pression. «Nous ne devons pas laisser tomber les paysans», déclare le conseiller national grison du Centre Martin Candinas. Si l'on veut une population de loups en Suisse, la Confédération doit aussi être prête à financer les mesures de protection nécessaires. C'est également l'avis du conseiller national des Vert-e-s Christophe Clivaz, originaire du Valais. «La Confédération doit continuer à prendre en charge les coûts de la protection des troupeaux, y compris les coûts d'embauche de bergers auxiliaires», dit-il.
Cette année, l'Office fédéral de l'environnement soutient les mesures d'urgence de protection des troupeaux à hauteur de quatre millions de francs. L'Union des paysans craint que le budget ne soit réduit en raison d'un changement de système et des efforts d'économie. «Mais la pression du loup est si forte que nous avons besoin d'au moins autant de moyens que cette année», explique Michel Darbellay de l'Union des paysans.
Marcus Berther, éleveur de moutons, espère une solution à long terme qui assurera aux bergers comme lui une sécurité financière. Sinon, prévient-il, des alpages entretenus depuis des siècles risquent de se transformer en paysages de broussailles.