L'étude d'environ 90 pages a été publiée mardi à Berne par le Parti libéral-radical (PLR) et est présentée comme le «prolongement scientifique» de la position officielle du parti en matière de sécurité, dévoilée au printemps. Elle a été réalisée par le président du PLR et conseiller aux Etats argovien Thierry Burkart et ses collèges de parti Daniel Heller et Andreas Heizmann.
«La guerre en Ukraine marque un point de bascule. Les grandes puissances autocratiques pratiquent une politique toujours plus agressive pour accroître leur influence (...). Cela requiert une riposte unie des démocraties pour que celles-ci puissent faire valoir leurs intérêts et leurs valeurs», expliquent les auteurs.
«Un changement de stratégie s'impose»
Ils en appellent à renforcer les liens de la Suisse avec l'OTAN, dans le cadre d'une «doctrine adaptée», qui soit compatible avec la neutralité. Une «marge de manoeuvre» existe pour ajuster la neutralité tout en préservant son coeur juridique, selon eux.
«Un changement de stratégie s'impose». L'étude demande d'augmenter le budget de l'armée à 1% du PIB, notamment en vue de faciliter une meilleure coopération avec l'OTAN. Il s'agit aussi «d'adapter la durée» du service militaire et le recrutement. Le principe de l'armée de milice doit être à nouveau pris au sérieux: plus question d'avoir «de facto une armée de volontaires», clament les auteurs.
Certes, ajoutent-ils, la Suisse dispose aujourd'hui déjà du parapluie protecteur de l'OTAN, qui rend une attaque aérienne ou au sol contre le pays quasiment impossible. Mais la Suisse doit renforcer ses capacités d'autodéfense. Il s'agit aussi de permettre à l'industrie suisse de l'armement de participer à des projets internationaux afin de rester à la pointe de l'innovation.
Adaptation des structures et de l'organisation militaires
Une adaptation des structures et de l'organisation militaires s'impose. Comme option en cas de guerre, une coopération accrue avec l'OTAN nécessite préalablement des exercices en commun et une «interopérabilité». Mais sans adhérer à l'alliance, précise l'étude.
Le PLR estime que la Confédération ne doit pas se contenter de se préparer aux scénarios (de conflit) les plus probables, mais aussi aux «plus dangereux». Clairement, la menace a évolué, et une guerre au centre de l'Europe est un scénario à prendre en compte, relève le PLR.
Une possible escalade du conflit entre la Russie et l'OTAN oblige à s'adapter aux nouvelles réalités, et dans ce contexte, le service à la population ne doit pas être la priorité de l'armée, souligne encore l'étude.
(ATS)