La nouvelle a choqué toute la Suisse. Lundi, à Adlikon, dans le canton de Zurich, un rottweiler qui s'était enfui de l'appartement de ses maîtres a attaqué des enfants devant un immeuble, avant de s'en prendre aux adultes venus les aider. Le bilan est lourd: un garçon de 5 ans a subi de graves blessures aux bras et une petite de 7 ans a été mordue à un bras et à une jambe. Au moins trois femmes ont également été blessées.
Ce grave incident vient remettre en lumière le danger que peuvent représenter les chiens pour les enfants. Et il ne s'agit pas seulement des molosses: les chiens les plus communs peuvent aussi mordre. Onid Zenuni, 11 ans, ne le sait que trop bien. Il a accepté de témoigner pour Blick, plus d'un an et demi après avoir été mordu. Une attaque terrible qui aurait bien pu lui être fatale. Il a eu de la chance d'avoir survécu. Et il le sait.
Tout remonte à la surface chez le garçon
«C'est ici que ça s'est passé», raconte Onid en présence de son papa Nexhat. On peut le voir sur le visage du jeune garçon: il a beau être fort, le souvenir est douloureux. Sa maman Magbule et son frère Ondi, de deux ans son aîné, sont là avec lui.
Onid raconte qu'il jouait tranquillement dehors, en ce paisible jour d'avril 2023, lorsqu'un chien du voisinage s'est rué sur lui et l'a mordu à plusieurs reprises. Une attaque incompréhensible qui aurait pu lui être fatal. Blessé au visage, au cou et à une main, il s'en est miraculeusement sorti, non sans subir une «grosse opération», comme il le dit lui-même. La famille s'est alors empressée de demander à ce qu'on euthanasie le chien.
«Je dors parfois avec ma mère et mon père»
«Je vais mieux», dit Onid, qui explique toutefois qu'il lui arrive encore de faire des cauchemars. Mais il n'a jamais pleuré, explique-t-il avec un brin de fierté dans la voix, en avouant volontiers: «Je dors parfois avec ma mère et mon père». Puis il s'empresse de préciser: «Mais plus autant maintenant.»
A l'école, Onid ne subit pas de moqueries en raison de ses cicatrices. Il est même très apprécié, notamment parce qu'il pratique les arts martiaux avec talent. En revanche, les chiens le terrifient. Surtout ceux de grande taille. «Quand j'en vois un, j'ai peur.»
Le chien a été euthanasié
D'ailleurs, qu'est-il advenu du chien qui l'a attaqué? «On lui a donné quelque chose pour qu'il s'endorme et meure», raconte Onid. Il ne cache pas son soulagement: «Je suis content, c'est mieux comme ça.»
Son père, Nexhat, confirme l'euthanasie du labradoodle (croisement entre un labrador et un caniche) qui a attaqué son fils. «Cela a été un long processus pour en arriver là», tient-il à préciser. «Au début, les autorités le considéraient comme un animal apprivoisé. Ce n'est que lorsque nous avons fait pression avec l'appui d'avocats qu'ils ont admis que le chien représentait un risque.»
Pas d'excuses du propriétaire du chien
Quant au propriétaire du chien, il a été condamné, poursuit Nexhat. Il ne connait toutefois pas la peine. Mais une chose est sûre: «Il a entre-temps quitté le quartier, et nous en sommes très heureux.» Il faut dire qu'il ne s'est jamais excusé après l'attaque.
Mais, dans l'immédiat, Nexhat préfère penser à son fils. «Nous sommes heureux qu'il se soit bien remis de tout cela et que l'on constate aujourd'hui des améliorations.» Un médecin lui aurait affirmé qu'Onid n'avait survécu que parce qu'il s'était défendu corps et âme en recourant à ses techniques d'arts martiaux. Aujourd'hui, le jeune garçon est toujours suivi psychologiquement, dans l'espoir d'apprivoiser sa peur.
Mais cette dernière risque bien de perdurer longtemps, pour le père comme pour le fils. «Il y a toujours beaucoup de chiens dans le quartier», explique Nexhat. «Onid évite de sortir sans nous.»
Cela se voit sur leurs visages, les deux parents ont encore très peur qu'il arrive à nouveau quelque chose à l'un de leurs enfants: «Surtout quand on apprend qu'un chien a de nouveau attaqué des enfants à Adlikon», explique le père. «Cela me rappelle des souvenirs atroces, j'ai la chair de poule.»
En colère contre la Confédération
Nexhat dit avoir ressenti «de la haine pure, de la colère pure et de la tristesse» après l'attaque contre son fils. Il en veut à la Confédration pour sa passivité: «Ce n'est pas beau du tout qu'elle ne fasse rien. C'est incompréhensible.» Pour lui, le constat est clair: «Ce n'est pas le chien qui pose problème, mais le propriétaire!» Il ne comprend pas qu'une personne puisse acquérir un chien «sans devoir passer au préalable un test d'aptitude».
Mais le père de famille tien aussi à faire son travail d'introspection. Lui et sa femme se sont ainsi «clairement demandés» ce qu'ils auraient pu faire différemment. Dans leur quartier, de nombreux enfants jouent seuls à l'extérieur. «Nous sommes tout simplement heureux que notre fils s'en soit tiré à si bon compte. Et la façon dont il gère la situation nous rend très fiers.» La famille d'Onid ne souhaite qu'une chose aux blessés d'Adlikon: «Beaucoup de force!»